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L’hormonothérapie de la ménopause : redécouverte des bénéfices
Publié le 28/08/2024 à 16:18
« Trop de femmes souffrent des inconforts liés à la ménopause et pourraient bénéficier d’un traitement hormonal efficace qu’elles craignent de prendre », affirme le Dr Geneviève Plu-Bureau.
Un changement de perspective nécessaire
Les données récentes remettent en question les préoccupations soulevées par des études datant de vingt ans qui évoquaient des risques accrus de cancers du sein et de maladies cardiovasculaires. Geneviève Plu-Bureau, directrice de l’unité de gynécologie aux Hôpitaux de Paris (AP-HP), explique cette évolution.
Pourquoi l’hormonothérapie est-elle devenue taboue ?
Le Dr Geneviève Plu-Bureau souligne que la stigmatisation de l’hormonothérapie de la ménopause (THM) est principalement due à une étude américaine publiée en 2002, la Women’s Health Initiative (WHI), qui établissait un lien entre le THM et une augmentation du risque de cancer du sein ainsi que de maladies cardiovasculaires. Cette étude a généré une panique qui a conduit de nombreuses femmes à renoncer à ce traitement. En France, près de 60 % des femmes souffrant de symptômes associés à la ménopause utilisaient l’hormonothérapie au début des années 2000, un chiffre qui est tombé à environ 5 % par la suite. Actuellement, ce taux est de 8 à 10 %, ce qui témoigne d’une meilleure compréhension des risques.
Les risques associés à l’hormonothérapie
Une réévaluation des données de l’étude WHI, ainsi que d’autres recherches, a permis de nuancer ces risques. Ces derniers varient en fonction de l’âge des patientes, des types d’hormones utilisées et de la durée du traitement. Il est important de noter que l’étude WHI concernait des femmes ayant une moyenne d’âge de 63 ans, qui avaient déjà des facteurs de risque, notamment vasculaires. Il a été prouvé que le risque est différent chez les femmes qui commencent le THM avant l’âge de 60 ans ou dans les dix ans suivant le début de la ménopause. En effet, le traitement hormonal peut avoir un effet protecteur sur des vaisseaux sanguins sains.
Modes d’administration et risques réduits
Un autre aspect à considérer est que les traitements hormonaux utilisés dans les pays anglo-saxons sont souvent administrés par voie orale, ce qui peut affecter la coagulation sanguine et augmenter le risque de formation de caillots. En France, l’hormonothérapie est généralement administrée par voie transdermique (patchs, gels), évitant ainsi ce risque potentiel d’augmentation des problèmes cardiovasculaires et du risque de cancer du sein, même sur des durées d’utilisation prolongées.
Les bienfaits de l’hormonothérapie
L’hormonothérapie est connue pour réduire efficacement et rapidement les bouffées de chaleur sévères et le syndrome génito-urinaire lié à la ménopause. De plus, elle préserve la santé osseuse en ralentissant la perte de densité osseuse liée à l’âge, ce qui réduit le risque d’ostéoporose et de fractures. Certaines études ont même suggéré que le THM pourrait diminuer l’incidence de certains cancers, notamment digestifs.
Précautions et alternatives
Il est crucial de rappeler que l’hormonothérapie est contre-indiquée chez les femmes ayant des antécédents de cancer du sein hormonodépendant ou d’intolérance aux hormones. Dans ces cas, des alternatives non hormonales peuvent être envisagées.
Un message aux femmes concernées
Le Dr Plu-Bureau souhaite transmettre un message clair : de nombreuses femmes souffrent de la ménopause et pourraient bénéficier d’un traitement hormonal. Malgré un recontextualisation des risques, la peur engendrée par l’étude WHI continue de rester un frein pour beaucoup d’entre elles.