Table of Contents
Vous ne connaissez sûrement pas cette profession, pourtant ceux qui l’exercent nous aident à préserver notre santé. Les hygiénistes sont plusieurs milliers en France et travaillent généralement dans les établissements de santé, comme les hôpitaux ou les EHPADs. Ces spécialistes de l’hygiène cherchent avant tout à éviter le développement des infections associées aux soins, c’est-à-dire des maladies qu’on attrape chez le dentiste, le kinésithérapeute ou à l’hôpital. « Il faut rendre hommage aux hygiénistes de France, car sans eux, on aurait beaucoup plus d’infections », assure Christophe Mercier Thellier, hygiéniste et microbiologiste de formation. « Il y en a au moins un dans chaque hôpital. »
« L’hygiène n’est pas la propreté »
Son premier livre, L’hygiène c’est la santé !, paru le 2 avril aux éditions HarperCollins, est à son image : didactique, clair et amusant. Plusieurs constats ont motivé son choix de vulgariser et transmettre ses connaissances. Depuis plus de trente ans que Christophe Mercier Thellier forme les soignants à la prévention des infections, il a souvent entendu les mêmes remarques. « Certains d’entre eux m’ont dit qu’ils n’avaient jamais appris tout cela à l’école, et tous m’ont assuré qu’ils allaient aussi appliquer ces principes à la maison », raconte cet ancien chercheur.
Il observe ainsi qu’il existe un besoin sur ces questions : « Je me suis dit que ça valait le coup de dépoussiérer l’hygiénisme, et d’apporter des informations avec humour, pour que chacun puisse faire ses choix en conscience dans son quotidien. »
Ce professionnel enjoué transmet dans son livre des conseils riches d’années d’expérience. Mais qu’est-ce que l’hygiène au juste ? « Attention, l’hygiène ce n’est pas la propreté », martèle le microbiologiste, « c’est la science de la conservation de la santé. » Par exemple, une surface peut être propre sans être saine. Le meilleur exemple ? Les produits d’entretien ménager peuvent contenir des composants chimiques nocifs pour nous et pour l’environnement, alors qu’on les utilise pour nettoyer notre intérieur.
Deux croyances sur l’hygiène de la maison
« Les vendeurs diffusent plusieurs croyances sur l’hygiène pour nous pousser à acheter leurs produits », alerte l’hygiéniste qui intervient régulièrement dans l’émission du Mag de la santé (France 5). Il revient sur deux de ces croyances.
« Cela sent bon donc c’est propre »
« Cela sent bon donc c’est propre » est une idée reçue dangereuse selon Christophe Mercier Thellier. « Oui, la saleté sent mauvais, mais on vous fait croire que la propreté a une odeur : or quelqu’un qui est propre ne sent rien ! », affirme l’hygiéniste.
Il estime que nous sommes exposés à plus de 70 molécules de parfum rien que chez nous le matin. Gel douche, shampoing, dentifrice, déodorant, désodorisant WC… contiennent chacun entre trois et dix molécules de parfum. De même pour les produits d’entretien ménager. Ces produits chimiques contiennent des perturbateurs endocriniens et d’autres composants qui abîment notre santé sur le long terme.
« Nos logis sont devenus des cocottes minutes avec une chimie envahissante et polluante, d’autant plus que nous n’aérons pas assez », développe l’ancien chercheur, « nous avons aujourd’hui remplacé le risque infectieux par le risque chimique », avec une hausse du nombre de cancers à la clé.
« Les microbes sont dangereux à la santé »
Autre croyance tenace : « les microbes sont dangereux à la santé ». « Une peau propre comprend 1 million de bactéries au cm², 10 millions dans les plis et 100 millions sous les aisselles : vous êtes vous-même un gros fermenteur à bactéries », sourit l’hygiéniste. Il ne sert donc à rien de désinfecter chez soi, un nettoyage simple et des règles d’hygiène suffisent.
Si vous préférez toutefois tuer les bactéries dans les endroits sensibles, comme les toilettes, sachez que seule la mention « bactéricide » garantit le succès aux tests européens d’efficacité.
Comment garantir l’hygiène dans son intérieur ?
Christophe Mercier Thellier propose des alternatives aux produits ménagers chimiques et prodigue quelques conseils pour assainir sa maison.
« Avec du vinaigre, du bicarbonate de soude, de l’acide citrique et du savon noir, on fait tout », certifie l’hygiéniste. « Mais attention, il ne faut pas les mélanger, comme c’est le cas pour tous les produits ! » Le risque ? Que les effets des produits s’annulent, voire pire, qu’une réaction dégage des émanations qui ne soient pas sûres pour la santé.
Le seul mélange qu’il recommande est une « crème à récurer » maison : savon noir, bicarbonate et argile. Le tout forme une pâte à frotter sur les surfaces, avant de la rincer.
« Il faut d’ailleurs rincer tous les produits, même ceux qui se revendiquent ‘‘sans rinçage’’ ! », avertit le professionnel de santé. Sinon, les produits chimiques continueront d’émettre des parfums, et les produits naturels comme le vinaigre risquent d’abîmer les surfaces. « Et si l’on n’aime pas l’odeur du vinaigre, on peut dissoudre une cuiller à soupe d’acide citrique en poudre dans un litre d’eau pour les mêmes effets, sans avoir l’impression de vivre dans un bocal à cornichons. »
Dernier conseil : ne diluer aucun produit chimique dans l’eau chaude. Cela augmente la diffusion des produits toxiques.