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La dépression touche les femmes deux fois plus fréquemment que les hommes, un phénomène qui ne se limite pas aux variations hormonales. Le Dr Lucie Joly, psychiatre spécialisée en santé mentale au féminin à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, nous éclaire sur les spécificités et les enjeux de cette pathologie chez les femmes.
Une expertise au cœur de la santé mentale féminine
Le Dr Lucie Joly exerce à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et enseigne à Sorbonne Université. Elle est engagée dans la formation des futurs professionnels de santé et mène des recherches approfondies sur les modifications cérébrales durant la période périnatale, ainsi que sur les particularités de la dépression chez la femme. Avec le Dr Hugo Bottemanne, elle a coécrit les ouvrages « Dans le cerveau des mamans » (2022) et « La Dépression au féminin » (2024), qui apportent un éclairage novateur sur ces thématiques.
Prévalence et périodes à risque
Chaque année, entre 8 et 16 % des femmes âgées de 18 à 50 ans souffrent d’épisodes dépressifs, un taux deux fois plus élevé que celui observé chez les hommes. Cette vulnérabilité accrue s’explique notamment par des fluctuations hormonales majeures qui surviennent durant certaines phases de la vie :
- Près de 20 % des femmes présentent des symptômes dépressifs pendant la grossesse et le post-partum.
- Environ 30 % traversent des troubles dépressifs au cours de la préménopause.
Par ailleurs, le suicide demeure la première cause de mortalité chez les femmes jeunes, soulignant l’importance d’une meilleure reconnaissance et prise en charge de la dépression au féminin.
Spécificités de la dépression chez les femmes
Au-delà des facteurs hormonaux, d’autres éléments contribuent à la prévalence et à la présentation particulière de la dépression chez les femmes :
- Les interactions complexes entre les hormones sexuelles et les neurotransmetteurs cérébraux.
- Les transformations cérébrales liées à la maternité, qui influencent la régulation émotionnelle.
- Les facteurs psychosociaux, tels que les contraintes familiales et professionnelles, ainsi que les violences sexuelles ou conjugales.
Ces aspects nécessitent une approche thérapeutique adaptée, combinant soutien psychologique, traitements médicamenteux spécifiques et accompagnement personnalisé.
Vers une meilleure prise en charge à Paris
À Paris, les initiatives se multiplient pour améliorer le dépistage et le traitement de la dépression chez les femmes. Le Dr Lucie Joly insiste sur l’importance d’une formation accrue des professionnels de santé, ainsi que sur la sensibilisation du grand public aux symptômes souvent méconnus. Elle plaide pour :
- Une détection précoce, notamment durant la grossesse et la préménopause.
- Un suivi médical régulier et adapté aux spécificités féminines.
- Un soutien global intégrant aspects psychologiques, sociaux et médicaux.
Ces mesures permettraient de réduire significativement les conséquences dramatiques de la dépression au féminin en France.