Le 24 mars 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a lancé une mise en garde à l’occasion d’une conférence de presse concernant les dangers liés à la consommation de compléments alimentaires. Ces produits, situés à la frontière entre alimentation et médicament, sont consommés par un Français sur quatre. Pourtant, souvent perçus comme naturels et inoffensifs, ils peuvent provoquer des effets indésirables graves.
Les compléments alimentaires se présentent sous différentes formes : gélules, pastilles, pilules, gummies, sachets en poudre ou ampoules. « Leur consommation est, à tort, banalisée », déplore Irène Margaritis, adjointe au directeur de l’évaluation des risques à l’Anses. Dans cette perspective, Fanny Huret, responsable de la mission Nutrivigilance de l’agence, identifie quatre grandes catégories de risques associés à ces produits :
- la toxicité intrinsèque,
- le mésusage,
- les interactions médicamenteuses,
- et l’adultération.
Un risque mortel lié aux compléments contenant du Garcinia cambogia
Moins d’un mois avant cette alerte, l’Anses avait déjà mis en garde contre un risque potentiellement mortel associé aux compléments alimentaires renfermant du Garcinia cambogia. Cette plante, souvent utilisée dans les produits minceur, a été liée à des effets sévères sur la santé. Par le passé, l’agence avait également signalé des cas d’hépatites aigües consécutives à la consommation de gummies supposées favoriser la croissance des cheveux.
Le mésusage est une autre source importante de danger. Un exemple particulièrement préoccupant est le surdosage en vitamine D chez les nourrissons. « Il est crucial de supplémenter les bébés en vitamine D dès la naissance, mais certains produits disponibles sur Internet proposent des dosages extrêmement élevés, jusqu’à 10 000 UI par goutte, soit 30 à 40 fois la dose recommandée », alerte Fanny Huret.
En juillet 2024, l’Anses a aussi publié un avis suite à un cas d’hallucinations liées à la prise combinée d’un complément contenant de la mélatonine et du pavot de Californie, deux substances pouvant interagir avec plusieurs médicaments. Par ailleurs, des mélanges de vitamines, minéraux et oligo-éléments peuvent compromettre l’efficacité des trithérapies destinées à traiter l’infection par le VIH.
Enfin, certains compléments vendus en ligne renferment des substances illicites dangereuses. C’est notamment le cas de plusieurs produits de la marque Trex, interdits depuis avril 2023 pour raisons sanitaires.
La vitamine D, unique complément recommandé en hiver
Avant d’envisager la prise de compléments alimentaires, l’Anses encourage vivement à consulter un médecin. Pour une personne suivant une alimentation équilibrée et variée, les besoins nutritionnels sont généralement couverts sans nécessité de supplémentation, à l’exception de certains profils comme les femmes enceintes, ménopausées ou les personnes âgées.
Selon les experts en nutrition, seul un complément en vitamine D est justifié à l’arrivée de l’hiver afin de compenser la diminution de l’exposition à la lumière. En effet, l’alimentation seule ne suffit pas à combler les besoins en cette vitamine essentielle, particulièrement pendant cette période de l’année.