Table of Contents
La mémoire est un élément essentiel de notre identité, particulièrement durant les premières années de la vie. Cependant, une étude récente publiée dans une revue scientifique suggère qu’un minéral courant pourrait nuire à cette capacité dès la grossesse. Des chercheurs des États-Unis et du Mexique ont constaté que le plomb a un impact direct sur la mémoire des enfants, même à des niveaux jugés modérés.
Mesure de l’impact du plomb sur la mémoire
Les chercheurs ont analysé les niveaux de plomb dans le sang de mères mexicaines durant leur grossesse, puis ceux de leurs enfants lorsqu’ils avaient entre 4 et 6 ans. Plus tard, à l’âge de 6 à 8 ans, les enfants ont participé à un test connu sous le nom de tâche de mise en correspondance retardée avec échantillon (DMST), conçu pour mesurer combien de temps ils peuvent retenir une image dans leur mémoire avant de l’oublier.
Ce test de 15 minutes consistait à montrer brièvement une image aux enfants, puis, après un court laps de temps, à leur demander de reconnaître cette image parmi trois options. Les enfants ayant les niveaux de plomb les plus élevés dans le sang étaient ceux qui oubliaient l’image le plus rapidement. Le professeur Robert Wright, de l’École de Médecine Icahn du Mount Sinai, a déclaré que cette découverte montre que « les substances chimiques environnementales peuvent interférer avec la formation des souvenirs, l’un des processus les plus fondamentaux de l’esprit humain ».
Une exposition persistante
Bien que les niveaux moyens de plomb dans le sang des enfants mexicains de l’étude étaient supérieurs à ceux observés aux États-Unis (1,7 µg/dL contre 0,5 µg/dL), ils restaient en dessous du seuil d’alerte fixé par les CDC (3,5 µg/dL). Pourtant, les effets cognitifs demeuraient évidents. Au Mexique, le plomb reste présent dans la vie quotidienne, notamment à travers la céramique émaillée utilisée pour cuisiner ou conserver des aliments.
Wright souligne que, bien que les politiques de réduction du plomb aux États-Unis aient été efficaces, l’exposition continue représente une menace latente pour le développement neurologique des enfants, même à faibles doses.
Au-delà du plomb: un outil pour détecter d’autres risques
L’étude met également en avant le potentiel de la tâche DMST en tant qu’outil pour mesurer les effets de divers polluants environnementaux sur le cerveau en développement. Selon Katherine Svensson, co-autrice de l’étude, ce modèle pourrait être utilisé pour analyser l’impact d’autres facteurs comme les métaux lourds, la pollution de l’air ou les perturbateurs endocriniens.
Cette recherche ouvre la voie à une nouvelle compréhension de la façon dont les expositions précoces à l’environnement peuvent influencer la trajectoire cognitive des enfants dès leurs premiers jours de vie. Dans un monde rempli de menaces invisibles, identifier et mesurer ces influences représente une première étape essentielle pour protéger la mémoire… et l’avenir.