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Le Sénat a approuvé lundi 5 mai une réforme majeure redéfinissant les missions des infirmiers en France, tout en reconnaissant officiellement leur rôle essentiel au sein du système de santé. Ce texte, attendu de longue date par les professionnels, marque une étape importante dans l’évolution de cette profession.
Un texte adopté à l’unanimité après un long chemin législatif
La proposition de loi, portée par les députés Nicole Dubré-Chirat (Renaissance) et Frédéric Valletoux (Horizons), avait déjà reçu un vote favorable à l’Assemblée nationale en mars. Elle a cette fois été soutenue à l’unanimité par le Sénat, avec quelques ajustements. Une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs devra désormais harmoniser les différentes versions avant l’adoption finale de cette réforme consensuelle.
Yannick Neuder, ministre de la Santé, a salué ce texte comme un « nouveau cap » pour la profession, offrant « de nouvelles perspectives » aux 640 000 infirmiers et infirmières de France.
Des missions réactualisées face à l’évolution du métier
Depuis 2004, les missions des infirmiers étaient définies par un décret aujourd’hui jugé dépassé. La réforme s’inscrit dans un contexte de diversification croissante des pratiques infirmières, notamment en réponse à la désertification médicale dans de nombreuses régions.
Parmi les innovations majeures, la loi reconnaît officiellement les concepts de « consultation infirmière » et de « diagnostic infirmier ». Elle attribue également aux infirmiers un droit de prescription limité à certains médicaments et examens, encadrés par arrêté ministériel.
Un dialogue apaisé avec les médecins
Cette extension des compétences a suscité des critiques de la part des syndicats médicaux, qui craignent une réponse détournée au manque de médecins, un sujet sensible actuellement débattu à l’Assemblée. Toutefois, le ministre Yannick Neuder a tenu à rassurer en affirmant qu’« il n’est pas question d’ouvrir un front avec les médecins ».
Il a insisté sur le fait que les missions des infirmiers « ont toujours vocation à être exercées en coopération et en complémentarité » avec les médecins. Pour apaiser les tensions, les sénateurs ont modifié la formulation en privilégiant le terme « coordination » plutôt que « complémentarité » pour décrire la relation entre infirmiers et autres professionnels de santé.
Revalorisation et reconnaissance des spécialités infirmières
Par ailleurs, la réforme élève au rang de « spécialité infirmière autonome » le corps des infirmiers de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Cette mesure vise à reconnaître leur rôle central à l’interface entre les systèmes éducatif et sanitaire.
Plusieurs parlementaires ont par ailleurs mis en lumière les difficiles conditions de travail des infirmiers, appelant à une revalorisation salariale. En réponse, le ministre de la Santé a annoncé la publication d’une lettre de cadrage d’ici fin mai, ouvrant la voie à des négociations conventionnelles avant l’été pour intégrer notamment ces avancées dans la rémunération.
À titre d’exemple, Kevin, infirmier libéral de 26 ans, évoque un salaire mensuel d’environ 2 200 euros, insistant sur le fait qu’« on est là pour gagner notre vie mais pas pour faire du chiffre ».