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Résistance des bactéries de choléra au Yémen : une nouvelle étude
Un groupe de scientifiques a répondu à une question qui reste un mystère pour les professionnels de la santé depuis 2018 : pourquoi les patients atteints de choléra au Yémen ne réagissent-ils pas aux antibiotiques, surtout avec des indications confirmant l’émergence de gènes capables de résister aux médicaments.
Une étude, impliquant des chercheurs du Wellcome Sanger Institute, de l’Université de Toronto, de l’Institut Pasteur et de l’Université de Sanaa, a été publiée dans la revue Nature Microbiology, révélant la source de la résistance aux antibiotiques dans les bactéries responsables de l’épidémie de choléra qui frappe actuellement le Yémen.
Les chercheurs ont découvert un cinquième type de choléra contenant des éléments génétiques capables de résister aux médicaments, y compris les antibiotiques, et qui est devenu le principal agent pathogène lors de l’épidémie au Yémen.
Génétique du choléra
Les scientifiques ont analysé 260 échantillons d’ADN de bactéries de choléra collectés au Yémen entre 2016 et 2019. Ils ont constaté que l’utilisation intensive d’antibiotiques comme l’azithromycine et d’autres macrolides à cette période était responsable de cette résistance.
L’étude a souligné que les femmes enceintes et les enfants souffrant de choléra au Yémen ont été traités avec de l’érythromycine et de l’azithromycine de 2016 à fin 2018, moment où un changement soudain dans le profil de sensibilité aux antimicrobiens a été observé.
Les chercheurs ont signalé que ces souches résistantes n’ont pas été transférées hors du Yémen et que leur apparition est associée à un contact prolongé des ancêtres de ces bactéries avec les antibiotiques de type macrolides, entraînant l’émergence de souches moins infectieuses mais porteurs de gènes de résistance.
Dans leur étude, les chercheurs ont caractérisé le profil génétique des échantillons de choléra, révélant que 84 % d’entre eux contenaient la souche génétique « T13 », qui portait un plasmide distinct responsable de la résistance aux antibiotiques.
Le plasmide est une petite pièce d’ADN circulaire, principalement trouvée dans les bactéries et certains organismes comme les levures. Il se distingue par sa capacité à se répliquer indépendamment du chromosome principal contenant l’ADN bactérien, et il porte souvent des gènes conférant des caractéristiques spécifiques aux cellules, comme la résistance aux antibiotiques.
Mécanisme de résistance
Le Dr Adib Al-Zaabi, expert en immunologie et en cellules souches, estime que les résultats de cette étude sont logiques. Il est scientifiquement reconnu que l’utilisation d’antibiotiques peut exercer une pression sur les bactéries pour qu’elles développent des résistances, en modifiant leur ADN pour échapper à l’efficacité des médicaments.
Selon Al-Zaabi, ce processus engendre la naissance de souches génétiquement différentes capables de résister aux antibiotiques, par le biais de mutations génétiques qui modifient les gènes des bactéries pour produire des protéines efficaces contre les antibiotiques.
L’utilisation inappropriée d’antibiotiques chez les patients joue un rôle clé dans l’émergence de ces mutations dangereuses, permettant aux bactéries de résister aux traitements. Cela entraîne souvent la création de plusieurs souches de bactéries résistantes, et un même individu peut être infecté par plusieurs souches, favorisant leur mélange dans l’organisme du patient et entraînant une résistance à plusieurs types d’antibiotiques simultanément.
Avec des signes d’émergence de gènes résistant aux médicaments, et compte tenu que le choléra se propage rapidement dans les zones manquant d’eau potable et d’assainissement, il peut devenir mortel sans traitement immédiat. Il est crucial de renforcer les services de santé, de nutrition, d’eau, d’assainissement et d’hygiène pour traiter les causes profondes de cette situation.