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Suicides à l’hôpital : plainte contre trois ministres

by charles

Plainte contre trois ministres pour suicides et harcèlement à l’hôpital

Jeudi 10 avril, une plainte a été déposée devant la Cour de justice de la République visant trois ministres, révélée lundi 14 avril. Vingt plaignants, issus de toute la France et aux profils variés – infirmiers, professeurs d’université praticiens hospitaliers, directeurs d’hôpitaux – dénoncent le harcèlement subi dans les établissements hospitaliers et le suicide de certains proches soignants.

Les ministres visés sont Catherine Vautrin, Yannick Neuder et Élisabeth Borne, cette dernière étant également responsable de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette plainte porte sur des accusations graves : harcèlement moral, violences mortelles, homicide involontaire et mise en péril de la personne.

Cas concrets à l’origine de la plainte

Plusieurs cas de suicide ont été mentionnés dans cette plainte, avec notamment deux drames au centre hospitalier de Béziers. En juin 2024, une infirmière s’est suicidée en laissant une lettre expliquant son geste. Son mari témoigne que son épouse a agi pour protéger les autres infirmières, face à un planning déséquilibré, une surcharge de travail et un harcèlement par son chef de service.

Son calvaire a débuté en février 2020 lorsqu’elle a dû gérer seule un patient en urgence vitale sans aide, devant attendre plusieurs heures avant l’intervention d’un interne. Son mari déplore que la direction ait considéré ses demandes comme un confort plutôt qu’un impératif de santé.

Quelques mois plus tard, un brancardier du même établissement s’est également suicidé, et un autre agent a tenté de mettre fin à ses jours. Un audit externe réalisé en septembre 2024 a révélé de nombreux dysfonctionnements et un contexte de risque psychosocial dans ce service.

Une souffrance généralisée dans les hôpitaux publics

La plainte souligne que la souffrance au travail ne touche pas uniquement les soignants de première ligne. En septembre 2023, le chef des pôles des urgences du Groupement Hospitalier Territorial des Yvelines Nord s’est suicidé après avoir enchaîné 37 jours de travail consécutifs, avec seulement trois jours de repos. Ce dernier était soumis à une pression intense liée à une importante restructuration hospitalière.

Ce drame fait écho à d’autres, dont celui du cardiologue Jean-Louis Megnien, à l’hôpital Georges-Pompidou, victime de harcèlement moral et mis à l’écart par sa hiérarchie avant de mettre fin à ses jours.

Une gestion hospitalière pointée du doigt

L’avocate Christelle Mazza, porteuse de la plainte, dénonce une gestion défaillante et systémique. Elle met en avant une désorganisation institutionnelle accentuée par les nombreux changements ministériels depuis 2022 et les multiples réformes hospitalières.

Elle déplore également le chaos ambiant dans les établissements, notamment publics, où la pression sur le personnel est constante. Selon elle, « le système ne fonctionne que grâce au dévouement des personnels », mais l’État est responsable d’instrumentaliser ce dévouement pour écraser et utiliser les soignants.

Depuis plusieurs années, les professionnels hospitaliers alertent sur cette situation, dénonçant un modèle organisationnel qui fragilise leurs conditions de travail et leur santé mentale.

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