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Dans l’atrium de la Wildhoef, un complexe de soins pour personnes atteintes de démence sévère à Bloemendaal, un nouvel appareil est installé un mercredi après-midi de mars. Il s’agit d’une station blanche avec un écran, un peu comme une borne de commande dans un restaurant rapide. À côté, une affiche présente une dame âgée avec un chignon blanc et des lunettes sur fond rose, accompagnée du message : « Bonjour, je suis Tante Co ». Les résidents présents dans l’atrium ne savent pas à quoi sert la borne, mais l’installateur leur explique qu’elle leur donnera plus de contrôle sur leur vie.
Technologie au service des résidents
La borne ne se limite pas à Bloemendaal. Elle est également déployée dans les neuf autres établissements de l’association Pro Senectute, qui signifie « pour la vieillesse ». Cet outil « intelligent, ludique et accessible » permet aux résidents de donner leur avis via un écran tactile. Les questions varient de « Quel biscuit préférez-vous ? » à « Quelle activité aimez-vous le plus ? ». Les réponses proposées sont simples et positives, visant à encourager l’interaction.
Changements profonds au sein de l’association
La borne représente un premier aperçu des transformations que subissent les plus de cinq cents appartements de Pro Senectute. En effet, au cours des dix-huit derniers mois, l’association a subi une refonte radicale. Son rôle traditionnel de fournisseur de soins a été transféré à l’entreprise d’acquisition de Rotterdam, Venturion, tandis que les immeubles ont été vendus fin 2022 pour environ 90 millions d’euros à l’investisseur britannique Schroders. Les résidents doivent maintenant s’adapter à un prestataire de soins dont l’objectif principal est la maximisation des profits, ce qui se traduit par des hausses de loyer et une réduction des services.
Un déclin des services
Les résidents ont été informés que le budget pour des activités culturelles, comme des concerts de harpe, allait être diminué. Bien que les 90 millions d’euros issus de la vente des biens aient été conservés par l’association, une récente modification statutaire signifie que cet argent n’est plus destiné à eux. Tandis que les résidents luttent pour s’adapter à ces changements, les dirigeants restants de l’association, incluant un élu de D66 et un professeur d’université, ont modifié leur rôle pour devenir des administrateurs d’une organisation caritative riche, soutenant des initiatives culturelles pour les personnes âgées.
Une histoire de dons et de legs
Lorsque Pro Senectute célèbre son centenaire en 2022, il semble que tout va bien. Des gâteaux et des concerts sont organisés dans les dix établissements à Haarlem, Bloemendaal, La Haye et Lochem. Le livre anniversaire met en avant l’histoire riche de l’association, qui remonte à 1917. À cette époque, elle a été fondée pour aider les personnes âgées appauvries après la Révolution russe. Pendant un siècle, elle a prospéré grâce aux dons et aux legs, affichant des actifs d’environ 145 millions d’euros, principalement sous forme de complexes de soins sans hypothèque.
Une vente sans transparence
En janvier 2024, les résidents reçoivent une lettre annonçant que l’association a choisi Venturion comme nouvel opérateur. Ce choix, selon la présidente de Pro Senectute, n’était pas controversé, ayant été soutenu par des discussions approfondies. Cependant, la décision a été prise par un petit groupe de membres qui avaient le droit de vote, tandis que des centaines de résidents et de familles, qui ressentiront les changements au quotidien, n’ont pas été consultés.
Une transformation en cours
À partir de l’été 2024, la vente des bâtiments débutera, avec Schroders comme acheteur final. La transaction représente une « investissement à long terme » dans un segment social intéressant, comprenant 168 appartements en soins intramuraux et 262 en extramuraux, pour un montant de 90 millions d’euros. Bien que l’association ait transféré ses responsabilités de soins au marché, elle se retrouve avec plus de fonds que jamais, choisissant de se transformer en fondation caritative pour le bien-être des personnes âgées en général, et non plus uniquement ceux de Pro Senectute.
Un avenir incertain pour les résidents
Alors que les changements s’accélèrent, les résidents expriment leurs préoccupations concernant la hausse des loyers et la qualité des soins. Les nouvelles mesures proposées par Fortumus incluent la réduction des services de soins les plus lourds, laissant craindre une diminution de la qualité. Plusieurs résidents envisagent déjà de créer une association pour mieux défendre leurs intérêts face à la nouvelle direction.
Une voix pour les sans voix
Les résidents, comme Willem Burmanje, qui a perdu sa femme dans cet établissement, soulignent le déclin de la qualité des soins. Malgré des plaintes répétées, leurs préoccupations n’ont souvent pas été entendues. Alors que les promesses d’un service amélioré avec Venturion s’estompent, la crainte d’une gestion centrée sur le profit prévaut, laissant les résidents dans l’incertitude quant à leur bien-être futur.