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Éthiopie enclavée et domination maritime: enjeux et futur

by Sara
Éthiopie enclavée et domination maritime: enjeux et futur

L’Éthiopie Face à l’Enclavement et la Domination Maritime: Enjeux et Avenir

Dans un monde où la géographie peut être perçue comme une contrainte impitoyable, l’Éthiopie se débat pour surmonter l’étiquette d’État sans littoral infligée par l’histoire. Avec une population s’élevant vers les 150 millions de résidents, le pays s’efforce de se frayer un chemin hors de sa prison géographique.

« La présence de l’Éthiopie doit être liée à la mer Rouge », a affirmé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed lors de son discours retentissant devant le Parlement en octobre dernier. Pour lui, la question de la mer Rouge ne devrait pas être un sujet tabou pour les Éthiopiens.

En début d’année, l’Éthiopie a surpris tout le monde en signant un mémorandum d’entente avec la République autoproclamée de Somaliland, non officiellement reconnue à ce jour. L’accord prévoit l’accès à une zone de 20 kilomètres carrés autour du port de Berbera pour une durée de 50 ans. En contrepartie, l’Éthiopie serait prête à reconnaître le Somaliland et partagerait une partie de sa compagnie aérienne nationale.

Ce nouveau développement soulève des interrogations quant à la nature de cet accord par rapport à celui conclu en 2018 entre le Somaliland, l’Éthiopie et la société des ports de Dubaï. Aux termes de cet accord, Addis-Abeba avait obtenu une part de 19% dans le port de Berbera, qui a été annulée par le gouvernement de Somaliland en juin 2022 pour non-respect du développement de la route liant le port au territoire éthiopien.

Le calendrier de cet accord est aussi crucial, car il a été annoncé seulement deux jours après une entente entre la Somalie et le Somaliland, parrainée par Djibouti, qui prévoyait la reprise des négociations politiques sur des questions fondamentales telles que l’indépendance ou l’unité. Cela pourrait signifier que la poursuite des négociations est compromise.

Les Motifs de l’Éthiopie Vers la Mer Rouge

Le récent accord avec le Somaliland, bien que peu d’informations soient disponibles, semble être un tournant par rapport à l’accord de 2018. Il offre à Addis-Abeba une liberté de mouvement dans cette région, avec la possibilité d’établir une base navale près de Bab el-Mandeb, un détroit stratégique pour l’accès à la mer Rouge.

Cela semble répondre à la volonté d’Abiy Ahmed de réaliser ses ambitions impériales, qui a déjà affirmé que sa mère lui avait prédit, dès l’âge de sept ans, qu’il serait le septième empereur divinement destiné à unifier et régner sur l’Éthiopie.

En parallèle, les aspirations de l’Éthiopie sur la mer Rouge sont influencées par plusieurs facteurs internes et externes. Le Premier ministre Abiy Ahmed, fasciné par l’histoire impériale, cherche à élargir l’influence de son pays confiné à travers l’Afrique de l’Est. Son désir de contrôler les principaux ports régionaux et de réactiver l’armée navale éthiopienne témoigne de cette ambition.

En s’engageant dans ces initiatives, l’Éthiopie vise à réduire sa dépendance au port de Djibouti, qui représente une dépense annuelle d’environ deux milliards de dollars. Parallèlement, Addis-Abeba cherche à attirer davantage d’investissements étrangers, notamment en diversifiant ses options portuaires, afin de soutenir son économie après les retombées économiques de la pandémie de Covid-19 et de la guerre du Tigré.

Conséquences de l’Accord

La Somalie a été l’une des premières réactions, déclarant cet accord nul et portant atteinte à sa souveraineté. Les prochaines mesures pourraient inclure une saisine de l’Union Africaine ou de l’ONU, bien que la nature exacte de ces actions demeure incertaine.

D’autre part, Djibouti et l’Érythrée ont exprimé leurs réserves, percevant cet accord comme une menace potentielle à leur propre souveraineté, ainsi qu’à leurs économies si le commerce éthiopien devait se détourner de leurs ports.

Cet accord pourrait inciter ces trois pays (Somalie, Érythrée, Djibouti) à former une coalition contre l’Éthiopie, ce qui modifierait considérablement la dynamique géopolitique de la région. En outre, cela pourrait aussi altérer la stratégie autrefois pacifique adoptée par Abiy Ahmed, qui semble désormais unir ses adversaires contre lui à cause d’un rêve d’empire et d’ambitions de domination régionale.

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