Home ActualitéL’Érythrée soutient-elle des groupes armés soudanais?

L’Érythrée soutient-elle des groupes armés soudanais?

by Sara

L’Érythrée soutient-elle des groupes armés soudanais?

Les préoccupations sécuritaires sont devenues un point central de l’agenda d’Asmara concernant l’est du Soudan, ses voisins à l’ouest et au nord, où la région constitue, avec ses trois États, notamment Kassala et la Mer Rouge, un enjeu stratégique pour l’Érythrée en raison de ses longues frontières et des interactions ethniques entre plusieurs tribus des deux côtés.

Ainsi, la « sécurité et la stabilité des États de l’est et la stratégie visant à empêcher la guerre de s’y propager » sont devenues l’un des axes des entretiens tenus par le président érythréen Asias Afwerki avec Malik Agar, vice-président du Conseil souverain soudanais, le 17 janvier 2024, selon ce dernier sur sa plateforme X.

Dans ce contexte, la création de camps d’entraînement par Asmara pour des combattants soudanais sur son territoire constitue une extension de son intérêt supérieur pour l’est du Soudan au cours des trois dernières décennies, où elle a travaillé, selon une étude publiée par le Centre d’études Al Jazeera, à établir un réseau de relations étroites avec des forces communautaires, politiques et tribales qui lui garantissent une présence et une influence permanentes dans la région.

Les agences de sécurité érythréennes ont également été actives dans la région pour surveiller les factions de l’opposition et les regroupements érythréens présents dans la région, ce qui a incité le professeur John Young, l’un des principaux experts soudanais, à affirmer qu’Asmara « possède une connaissance et des renseignements de première classe sur la région ».

Bien que l’Érythrée garde le silence officiel quant à la confirmation ou au déni de l’accueil de combattants soudanais, des rumeurs circulent sur l’ouverture de camps érythréens sur son territoire pour former des groupes armés soudanais, alors que la guerre soudanaise se intensifie et que ses ramifications se rapprochent de l’est du pays, suite à la chute de l’État de Gezira aux mains des Forces de soutien rapide à la fin du mois de décembre 2023.

Français contenu

Dans le souci de prévenir toute perturbation sécuritaire résultant de l’extension du conflit vers l’est du Soudan, l’accueil par Asmara de forces armées soudanaises constitue un effort préventif visant à établir des points de défense avancés, empêchant ainsi toute adversité qui pourrait permettre à des parties hostiles de trouver et de soutenir une opposition armée érythréenne opérant à travers la longue frontière entre les deux pays, une grande partie de celle-ci étant composée de vastes plaines facilitant la mobilité.

Les préoccupations augmentent en raison de la présence l’est du Soudan d’une des plus grandes communautés érythréennes à l’étranger, avec plus de 136 000 demandeurs d’asile enregistrés dans les camps du HCR dans la région, selon un rapport publié en mars 2023, en plus des résidents et des citoyens soudanais, dont beaucoup appartiennent à des tribus frontalières traditionnellement opposées à Asmara.

Malik Agar et Isaias Afwerki

Soutien de l’armée soudanaise

Bien que la neutralité soit une caractéristique du discours officiel érythréen vis-à-vis des parties en guerre depuis son déclenchement en avril 2023, de nombreux indicateurs récents ont mis en lumière un rapprochement croissant entre Asmara et l’armée soudanaise. En plus de la déclaration d’Agar soutenant le président érythréen aux côtés du « peuple et du gouvernement soudanais », le lieutenant-général Yasser Al-Atta a loué la position d’Asmara par rapport à la crise dans son pays.

Dans ce contexte, l’accueil de groupes armés soudanais par l’Érythrée soutient l’effort de guerre de l’armée soudanaise, ces groupes ayant déclaré leur allégeance à cette dernière. Des camps d’entraînement ont été ouverts après la chute soudaine de l’État de Gezira entre les mains des Forces de soutien rapide à la fin de décembre 2023.

You may also like

Leave a Comment