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La présidence de la Hongrie fait grincer des dents en Europe
À l’été 2024, les rives du Danube sont plus chaudes que jamais, alors que la Hongrie prend la présidence tournante de l’Union européenne (UE) en pleine guerre russo-ukrainienne. Cette situation a donné lieu à des tensions croissantes entre le gouvernement hongrois dirigé par [Viktor Orbán](https://fr.wikipedia.org/wiki/Viktor_Orb%C3%A1n) et les institutions de l’UE situées à [Bruxelles](https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruxelles). La présidence de la Hongrie a ainsi révélé les premières frictions d’un jeu de tir à la corde entre Orbán et le représentant de la politique étrangère de l’UE, [Josep Borrell](https://fr.wikipedia.org/wiki/Josep_Borrell).
Tensions diplomatiques et malentendus
Dès le début de sa présidence, Orbán a proposé des médiations entre la Russie et l’Ukraine, tout en se rendant à [Moscou](https://fr.wikipedia.org/wiki/Moscou) et [Pékin](https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9kin). Ces déplacements ont immédiatement suscité des réactions vives à Bruxelles et dans les capitales européennes. Les dirigeants européens affirment que les opinions exprimées par Orbán ne reflètent pas la politique étrangère de l’UE, qui est censée être représentée par Borrell.
Ce climat d’incertitude pourrait amener à de nouvelles tensions, non seulement sur les politiques divergentes, mais aussi sur les procédures institutionnelles, y compris les réunions qui devraient se tenir dans le pays en présidence.
Divisions croissantes au sein de l’UE
Les premières manifestations de divisions internes à l’UE se sont déjà manifestées. Borrell a annoncé une boycott d’une réunion des ministres des Affaires étrangères prévue à Budapest, la transférant plutôt à Bruxelles. Cette décision inédite pourrait également s’étendre à d’autres réunions à venir.
Ce geste témoigne du mécontentement croissant face à l’attitude de Budapest envers la Russie, considérée comme un soutien à la guerre. La présidente de la Commission européenne, [Ursula von der Leyen](https://fr.wikipedia.org/wiki/Ursula_von_der_Leyen), a également décidé de ne pas effectuer la traditionnelle visite inaugurale en Hongrie, un geste fortement symbolique.
Des inquiétudes partagées au sein de l’UE
Lors d’une réunion à Berlin, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a exprimé sa préoccupation face à la situation, insistant sur la nécessité pour l’UE de rester unie et ferme face aux provocations d’Orbán. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a cependant déclaré que Budapest poursuivrait sa mission de paix en Ukraine, sans se laisser dissuader par les menaces de boycott de l’UE.
Avec une proposition d’Orbán pour un « conférence de paix », il semblerait que Budapest continue à chercher un rôle actif sur la scène internationale, y compris avec la Russie.
Conséquences sur l’aide à l’Ukraine
Les tensions entre la Hongrie et les pays soutenant l’Ukraine dépassent les questions diplomatiques. L’avenir du soutien financier et militaire de l’UE à l’Ukraine, dépassant les 50 milliards d’euros entre 2024 et 2027, est également en jeu. Alors que 20 États membres, dont la France, l’Espagne et l’Italie, insistent sur le soutien à l’Ukraine, le ministre hongrois des Finances Mihály Varga a mis en avant sept priorités pour son pays, sans mentionner l’Ukraine, ce qui a engendré des tensions supplémentaires.
État de droit et préoccupations permanentes
La question de l’État de droit en Hongrie continue d’émerger dans les rapports de l’UE. Le cinquième rapport annuel sur la « sécurité juridique » a révélé des lacunes dans le respect des normes européennes. Les critiques portent notamment sur les retards dans les réformes judiciaires et l’absence de progrès dans la lutte contre la corruption au sein du gouvernement.
Les inquiétudes concernant la liberté des médias et le soutien aux ONG persistent également. La situation a conduit à des sanctions financières, et la Hongrie continue d’être sous le coup d’un gel des fonds européens.
Un avenir incertain
Face aux défis qu’entraîne cette présidence, des responsables européens évoquent la possibilité d’un retrait ou d’une suspension de la présidence hongroise, ce qui pourrait amener l’UE à envisager des réformes institutionnelles. Les tensions croissantes autour de la question de la démocratie en Hongrie nécessitent une attention particulière, à mesure que l’UE cherche à maintenir son unité face à des crises internes et externes.