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Le Rwanda en première ligne contre la variole du singe
Premier pays à initier une campagne de vaccination contre la variole du singe en Afrique, le Rwanda aspire à obtenir davantage de doses pour lutter efficacement contre cette maladie. L’objectif à long terme est de développer une industrie pharmaceutique locale capable de répondre aux défis posés par les pandémies.
Une réponse rapide face à une épidémie croissante
Les épidémies et les pandémies, telles qu’Ebola, la Covid-19 et désormais la variole du singe (appelée Mpox), frappent fréquemment le continent africain, soulignant sa dépendance aux vaccins importés. Le mardi 17 septembre, le Rwanda a été le premier pays africain à lancer une campagne de vaccination grâce à un don de mille doses, destinée à contrer la résurgence de la variole du singe, qui touche actuellement au moins quinze pays en Afrique.
Contrairement à son appellation, cette forme de variole se transmet aux humains par contact avec des rongeurs ou leurs excréments, également par contact direct avec des surfaces contaminées ou par la transpiration. En août dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élevé son niveau d’alerte mondial en raison de l’émergence d’un nouveau variant. Ce variant présente des symptômes classiques tels que douleurs musculaires, fièvre et lésions cutanées, mais il peut également être mortel, avec près de 800 décès signalés sur plus de 24 000 cas de contamination.
Un chiffre alarmant malgré les efforts
Bien que le Rwanda ne soit pas le pays le plus touché par cette épidémie, avec seulement six cas enregistrés et aucun décès pour l’instant, la proximité avec la République Démocratique du Congo, épicentre de l’épidémie avec plus de 6 000 cas, motive les autorités rwandaises à agir rapidement. Hassan Sibomana, à la tête du programme de vaccination, souligne : «Nous avons déjà vacciné 300 personnes et espérons atteindre 500 d’ici la fin du week-end. Toutefois, avec deux doses nécessaires par personne, nous avons besoin de nouveaux vaccins pour continuer notre campagne.»
Des appels à l’aide face à l’urgence sanitaire
Le premier lot de vaccins reçu par le Rwanda provenait du Nigeria, qui avait bénéficié d’un don des États-Unis. «Nous sollicitons désormais d’autres partenaires et institutions» déclare Hassan Sibomana, alors que l’urgence de la situation est bien réelle. L’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC) a récemment rapporté que l’épidémie «n’est toujours pas sous contrôle», avec 2 912 nouveaux cas et 14 décès recensés en une semaine sur le continent.
Stratégies pour une autonomie sanitaire accrue
Soucieuse de réduire sa dépendance aux importations, le Rwanda a signé un accord avec l’Union européenne d’une valeur de 40 millions d’euros pour soutenir la création d’une industrie pharmaceutique locale, notamment pour la production de vaccins. Belen Calvo Uyarra, ambassadrice de l’Union européenne au Rwanda, s’est félicitée de cet engagement, qualifiant cela de «étape essentielle pour faire du Rwanda un hub de l’industrie pharmaceutique dans la région».
Ce projet marque un tournant pour ce pays, qui, après avoir traversé les horreurs d’un génocide en 1994, est désormais en mesure d’assurer 98 % de sa population avec une couverture d’assurance maladie, tout en consacrant plus de 15 % de son budget aux dépenses de santé. Cette initiative pourrait ainsi représenter un modèle de résilience en Afrique face aux crises sanitaires.