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Le Parlement européen a émis de vives préoccupations concernant la situation démocratique en Géorgie, signalant une « récente régression démocratique » dans le pays. Au cours des derniers mois, plusieurs lois controversées ont été adoptées, allant à l’encontre de la liberté d’expression, restreignant les droits des personnes LGBTI et renforçant la censure des médias. Si ces lois ne sont pas annulées, le Parlement européen (PE) estime qu’il faudra suspendre les négociations concernant l’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne.
Résolution du Parlement européen
Le Parlement a voté une résolution en faveur de ces mesures avec une large majorité : 495 voix pour, 73 contre, et 86 abstentions. Dans cette résolution, il est également exigé que tous les financements de l’UE destinés à la Géorgie soient gelés jusqu’à ce que ces lois soient abrogées, ce qui représente environ 121 millions d’euros. De plus, toute future aide financière à la Géorgie ne pourra être accordée que « sous des conditions strictes », selon les députés européens.
Une adhésion à l’UE de plus en plus incertaine
Cette mise en garde rapproche encore un peu plus l’adhésion à l’UE de la Géorgie, alors que 89 % de la population soutient cette intention. Cette résolution constitue une nouvelle alerte de Bruxelles, après que le Conseil européen a décidé en mai dernier de suspendre le processus d’adhésion du pays.
La résolution intervienne à un moment crucial, alors que les élections parlementaires se tiendront le 26 octobre. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, de plus en plus autoritaire, semble en passe de remporter ces élections, ayant obtenu 59 % des voix lors des sondages réalisés en août. Le Rêve géorgien se retrouvera face à une opposition divisée, la deuxième force politique ayant atteint 13 % des intentions de vote.
Controverses législatives
La Géorgie était sur la voie de devenir le premier pays du Caucase à intégrer l’UE, ayant obtenu le statut de candidat en décembre dernier. Cependant, les relations avec Bruxelles ont été mises à rude épreuve ces derniers mois. La législation controversée connue sous le nom de « loi russe » a été adoptée malgré d’importantes manifestations populaires. Cette loi exige que les ONG et les médias dont les revenus proviennent à plus de 20 % de dons étrangers soient enregistrés comme « agents étrangers », imitant une loi instaurée en Russie en 2012 pour museler les médias critiques.
Lois anti-LGBTI
Le parlement géorgien a également adopté récemment une nouvelle législation anti-LGBTI, restreignant les droits des personnes LGBTI. Cette nouvelle loi interdit les événements Pride, l’affichage de drapeaux arc-en-ciel et d’autres expressions publiques, telles que les films et les livres. Les critiques estiment que cette législation vise à séduire la frange conservatrice de la population dans l’espoir d’obtenir une majorité absolue aux élections d’octobre.
Des modifications de la constitution seront nécessaires pour mettre en œuvre certaines de ces lois, nécessitant une majorité des trois quarts que le Rêve géorgien ne possède pas actuellement. Toutefois, le parti espère obtenir une telle majorité lors des élections à venir.
Société en tension
Les droits LGBTI sont un sujet de forte controverse en Géorgie. Le lendemain de l’adoption de la loi, Kesaria Abramidze, la première personne transgenre à apparaître sur une chaîne de télévision nationale, a été assassinée. Bien que les motivations de ce meurtre demeurent floues, des organisations de défense des droits humains établissent un lien entre cette législation et la montée de la haine envers les personnes transgenres.
En 2021, une marche des fiertés à Tbilissi a été annulée en raison de manifestations violentes anti-LGBTI, lors desquelles des journalistes ont été attaqués, et l’un d’eux est décédé quelques jours plus tard.