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Impact du retrait russe d’Arménie sur le Caucase Sud
Le retrait progressif des troupes de maintien de la paix russes d’Arménie se poursuit, avec un achèvement prévu pour le 1er janvier de l’année prochaine. Cette opération a véritablement commencé en avril dernier, après que Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a déclaré que cette mesure était conforme aux nouvelles réalités émergentes dans la région du Nagorny Karabakh, à la suite de la reconnaissance par l’Arménie des frontières de l’Azerbaïdjan telles qu’elles existaient en 1991.
Les circonstances du retrait
Cette décision russe a été déclenchée par des changements géopolitiques majeurs dans le Caucase du Sud, notamment l’attaque éclair des forces azerbaïdjanaises sur la région le 19 septembre, qui a duré un jour et demi et a mis fin à une situation de séparation de près de 30 ans. Cela a entraîné un déplacement massif de la population arménienne vers l’Arménie et l’auto-dissolution des autorités de la région.
Yerevan a critiqué la position de Moscou face à ces développements. Le Premier ministre arménien, Nikole Pashinyan, a exprimé que les forces de maintien de la paix russes auraient pu empêcher l’attaque azerbaïdjanaise avant qu’elle ne débute, se demandant : « Si ces forces ont pu garantir un cessez-le-feu, pourquoi n’ont-elles pas pu empêcher l’attaque sur la région ? ».
La fin imminente du déploiement
Les forces de maintien de la paix russes ont été déployées dans le Nagorny Karabakh suite à un accord trilatéral entre Moscou, Bakou et Yerevan le 10 novembre 2020. Elles se sont positionnées le long de la ligne de contact et à proximité du corridor de Lachin reliant la région à l’Arménie. Le déploiement initial comprenait 1960 militaires, 90 véhicules blindés de transport de troupes et 380 unités de véhicules et d’équipements spéciaux.
Après la prise de contrôle totale de la région par l’Azerbaïdjan, le ministère russe de la Défense a annoncé que ses forces de maintien de la paix avaient fermé des postes de contrôle temporaires le long des lignes de contact. Cependant, la Russie maintient une présence militaire à la frontière entre l’Arménie et la Turquie, ainsi qu’à la base de Gyumri et à la base aérienne d’Erebuni près de Yerevan.
Conséquences stratégiques du retrait
À mesure que la présence des forces de maintien de la paix russes en Arménie touche à sa fin, des questions se posent quant aux implications de ce retrait sur le poids stratégique de Moscou au profit des puissances occidentales et d’autres acteurs.
Andrey Arishev, expert en affaires caucasiennes, estime que le retrait des troupes de frontières d’Arménie semble affaiblir Moscou au premier abord. Cependant, il pourrait y avoir une compensation pour la Russie dans la possibilité de contrôle du corridor de Zangezur par les forces fédérales de sécurité.
Un nouvel équilibre de pouvoir
Denis Kirkuodinov, directeur d’un centre de prévisions politiques, souligne que les stratégies adoptées par la Russie et les pays occidentaux en Arménie révèlent des objectifs divergents. Le retrait de Moscou de la région du Karabakh pourrait entraîner un affaiblissement de son influence géopolitique dans l’espace post-soviétique.
Alors que les pays occidentaux, en particulier la France et d’autres membres de l’OTAN, considèrent l’Arménie comme une opportunité d’établir une présence dans le Caucase, il existe également des préoccupations quant à la stabilité de la région, malgré une baisse significative des risques de conflit avec Bakou après la reconnaissance par Yerevan des frontières azerbaïdjanaises.