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Retour au Sénégal : l’héritage du Système judiciaire contesté
« Il y a 21 ans, j’étais ici dans cette prison, et aujourd’hui je reviens libre en tant qu’ancien président. Cette expérience est suffisante pour nous encourager. Et je sais que vous faites preuve de patience et de résilience. »
C’est un extrait des propos de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade à son fils Khalifa Wade, qu’il avait nommé à des postes ministériels importants. Lorsque le pouvoir est passé à Macky Sall, il fut jeté en prison à Reubeuss pour enrichissement illégal.
Le contexte de la prison de Reubeuss
La prison de Reubeuss, établie par la France en 1929, se situe dans le quartier de Médina à Dakar, et a été un centre de répression pendant la période coloniale française au Sénégal.
Depuis le départ de la France en 1960, la prison de Reubeuss a conservé une réputation sinistre parmi les hommes politiques, les journalistes et les défenseurs des droits humains au Sénégal.
Les expériences politiques en prison
Abdoulaye Wade a été un visiteur de la prison de Reubeuss à plusieurs reprises alors qu’il luttait pour accéder au palais présidentiel, situé à seulement un kilomètre de sa cellule.
Dans les années 1980 et 1990, il s’opposait au régime d’Abdou Diouf, qui avait succédé à Léopold Sédar Senghor en 1981.
Selon le président de l’«Association des juristes», Alassane Séc, «passer par la prison est une étape importante pour de nombreux politiciens».
Le rôle de la justice dans la politique sénégalaise
Il est temps, selon Séc, de renforcer le rôle de la justice en tant qu’autorité indépendante, loin d’être un outil de règlement de comptes ou d’enfermement des dirigeants politiques sans raison juridique valable.
Ces pratiques, cependant, ne sont pas nouvelles. En 1962, Senghor avait emprisonné son premier ministre de l’époque, Amadou Gaye, pour tentative de renversement du régime.
Le retour de Wade et ses conséquences politiques
Malgré son arrivée au pouvoir en 2000, Abdullah Wade a continué à utiliser la prison pour contrer ses opposants.
En 2005, il a emprisonné son ancien allié Idrissa Seck, craignant sa capacité à le concurrencer lors des élections présidentielles de 2007, où Wade a remporté 55 % des voix contre 15 % pour Seck.
La montée des tensions politiques
Les tensions sont montées lorsque Macky Sall a remporté les élections de 2012, mettant fin au rêve de Wade d’un troisième mandat. Sall a également emprisonné Karim Wade, le fils de Wade, pour enrichissement illégal, ce qui a été interprété comme un acte de vengeance.
Karim Wade a été libéré en 2016 sous condition d’exil, tandis que d’autres figures politiques comme Khalifa Sall ont été également incarcérées sous des accusations similaires.
Les défis des droits de l’homme
Récemment, la situation des prisonniers politiques et l’état des libertés publiques au Sénégal ont été au cœur des préoccupations des organisations de défense des droits de l’homme.
En janvier 2024, Human Rights Watch a publié un rapport dénonçant la répression politique, documentant des violations ciblant des membres de l’opposition, des journalistes et des militants.
Vers un avenir incertain
Le climat politique reste tendu alors que des élections sont prévues en mars 2024, avec des promesses d’enquêtes sur la corruption et des appels à rendre des comptes pour les violations des droits humains.
Les partisans d’Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, demandent justice et réparation pour ceux qui ont été victimes de répression sous le régime de Macky Sall.