Home ActualitéLe débat sur le clonage d’embryons pour la recherche scientifique

Le débat sur le clonage d’embryons pour la recherche scientifique

by Sara
Pays-Bas

Au cours des vingt dernières années, la question éthique du clonage d’embryons à des fins de recherche est revenue sur le devant de la scène politique. Actuellement, la législation néerlandaise interdit la création d’embryons en laboratoire à des fins de recherche, permettant uniquement leur création dans le cadre de la fécondation in vitro (FIV). Cependant, un projet de loi proposé par les députés Jan Paternotte (D66) et Harry Bevers (VVD) vise à relancer ce débat et à élargir les possibilités de recherche sur les débuts de la vie.

Un débat récurrent

Le projet de loi a pour objectif d’ouvrir de nouvelles voies pour la recherche fondamentale et clinique, en augmentant les chances de succès des traitements de FIV, qui ne réussissent actuellement qu’une fois sur quatre. L’interdiction actuelle de la recherche sur les embryons, instaurée par la loi sur les embryons de 2002, devait initialement être temporaire. Malgré plusieurs évaluations recommandant la levée de cette interdiction, aucune modification législative n’a été apportée.

Recherche sur les embryons

La loi actuelle permet uniquement d’utiliser des « restembryons » issus de traitements de FIV pour la recherche. Ces embryons sont généralement conservés après la sélection de celui dont les chances de succès lors de l’implantation sont les plus élevées. Les embryons non utilisés peuvent être utilisés pour la recherche, mais seulement avec l’accord écrit des deux parents.

Cependant, ces restembryons sont déjà âgés de trois à cinq jours lorsqu’ils sont utilisés pour la recherche, ce qui signifie que le développement précoce des embryons humains reste méconnu. De plus, ces embryons de réserve sont souvent de qualité inférieure à ceux qui sont implantés, ce qui peut fausser les résultats des recherches.

Les limites des études actuelles

Le clinicien embryologiste Sebastiaan Mastenbroek, de l’Amsterdam UMC, souligne les limites des études menées avec ces embryons. Il travaille sur l’optimisation des milieux de culture utilisés lors des premiers jours de développement d’un embryon. Il a observé que les tests effectués sur des embryons de souris ne peuvent pas être directement appliqués aux embryons humains, notamment en raison de leur développement rapide. Mastenbroek estime que des études sur des embryons humains dans les premiers jours après la fécondation pourraient fournir des résultats significativement différents.

La nécessité de comprendre les premiers stades

Pour améliorer les taux de réussite des traitements de FIV, il est essentiel de comprendre les processus qui se déroulent avant les cinq premiers jours de développement embryonnaire. Jesse Veenvliet, chercheur au Max Planck Institute en Allemagne, affirme que les modèles utilisant des souris ne permettent pas de comprendre ces étapes cruciales. Les recherches actuelles se concentrent principalement sur les stades d’implantation, mais Veenvliet souligne que la recherche doit également examiner les premiers stades de développement embryonnaire.

Une législation différente dans d’autres pays

Dans des pays comme la Belgique, le Royaume-Uni et la Suède, la création d’embryons à des fins scientifiques est déjà autorisée. Mastenbroek argue que les différences entre les législations rendent nécessaire une adaptation rapide des lois néerlandaises. En effet, le contexte néerlandais, où les soins de fertilité ne sont pas principalement gérés par des cliniques commerciales, permettrait de mener des recherches sur l’efficacité et la sécurité des nouvelles méthodes sans dépendre uniquement des résultats étrangers.

Des préoccupations éthiques

Le débat sur le clonage d’embryons soulève également des préoccupations éthiques, souvent alimentées par des cas controversés, comme celui du chercheur chinois He Jiankui, qui a été critiqué pour avoir créé des enfants génétiquement modifiés. Mastenbroek et Veenvliet insistent sur la nécessité d’effectuer ces recherches dans un cadre réglementé pour garantir la sécurité avant d’appliquer de nouvelles technologies.

Le chercheur chinois Jiankui He.

Clonage Embryonnaire | Embryons | Recherche Scientifique | Législation | Fertilité | Pays-bas

You may also like

Leave a Comment