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Bruxelles dévoile un plan d’urgence pour l’automobile européenne

by Sara
Bruxelles dévoile un plan d'urgence pour l'automobile européenne
France

Stéphane Séjourné n’en démordra pas : l’avenir de l’automobile en Europe est à l’électrique. En déplacement à Stuttgart, fief historique de l’industrie automobile du Vieux Continent, le commissaire européen a présenté les grandes lignes d’un plan de sauvetage urgent pour un secteur en pleine tourmente, représentant pas moins de 13 millions d’emplois et 7 % du PIB de l’UE. « Je rêve d’une industrie qui rend les Européens fiers, et qui sera à nouveau une force exportatrice », a-t-il déclaré devant un parterre de professionnels.

Une industrie en crise

Depuis 2020, le secteur automobile en Europe traverse une période particulièrement difficile en raison de la pandémie de Covid-19, de la pénurie de semi-conducteurs et d’une inflation galopante. Pour la quatrième année consécutive, la production est en chute libre, entraînant des fermetures d’usines et des pertes d’emplois.

Les derniers chiffres de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) révèlent une chute de 9,5 % des immatriculations de véhicules électriques à batterie en novembre 2024, avec des baisses particulièrement marquées en Allemagne (- 21,8 %) et en France (- 24,4 %). Cela fait tomber la part de marché des véhicules électriques à 13,4 % depuis le début de l’année.

Un pare-feu douanier contre la concurrence chinoise

Le segment des hybrides rechargeables n’échappe pas à cette crise, avec une baisse de 8,8 % en novembre, notamment en Belgique (- 61,4 %), en Italie (- 31,4 %) et en France (- 19,6 %). La seule bonne nouvelle vient des véhicules hybrides simples, dont les ventes ont augmenté de 18,5 %, représentant désormais 33,2 % du marché.

Parallèlement, la concurrence chinoise, considérée comme déloyale, s’invite avec des modèles électriques à prix cassés subventionnés par l’État chinois. Pour contrer cette menace, l’UE a décidé de relever ses tarifs douaniers.

Un plan de bataille en trois axes

Le plan de l’UE, élaboré par Stéphane Séjourné, se décline en trois axes principaux. Tout d’abord, un « Clean Industrial Deal » pour renforcer la compétitivité à court terme, avec un focus sur la décarbonation de la production industrielle grâce à un fonds dédié. Ce plan sera élaboré dans les cent premiers jours de la Commission von der Leyen II, en partenariat avec Teresa Ribera, la première vice-présidente espagnole de la Commission.

Ensuite, il est prévu de créer un « choc de la demande », en se concentrant sur les flottes d’entreprise, qui représentent 58 % des achats de véhicules neufs. En stimulant ces achats, le marché de l’occasion pour les particuliers pourra également se développer.

Les défis de l’électrification

La transition vers l’électrique présente des défis, notamment pour les flottes d’entreprises. Bien que 71 % des entreprises françaises aient intégré des véhicules à énergie alternative, seules 27 % ont adopté le 100 % électrique. Les obstacles incluent un manque de bornes publiques de recharge, des prix d’achat élevés et une insuffisance d’infrastructures de recharge.

La Commission européenne prévoit un plan d’expansion des bornes de recharge, mais cela nécessitera des efforts supplémentaires de la part des différents commissaires responsables.

Les matières premières critiques

Un autre enjeu majeur réside dans l’approvisionnement en matières premières nécessaires à la fabrication des batteries. Actuellement, l’Europe dépend à 80 % de la Chine pour ces métaux rares. Stéphane Séjourné a souligné l’importance de diversifier les sources d’approvisionnement via des partenariats avec des pays comme le Chili, l’Argentine, ou l’Australie, et de relancer l’exploitation minière en Europe, un sujet délicat qui pourrait susciter des résistances locales.

Dialogue avec la filière automobile

Les industriels sont également appelés à s’impliquer davantage, en priorisant les investissements en Europe pour maintenir les emplois. Un « dialogue stratégique » sera lancé par Ursula von der Leyen le 30 janvier, avec des réponses attendues sous quarante jours.

Cette Commission von der Leyen II fait face à un défi majeur : concilier transition écologique et sauvegarde de l’industrie, alors que le chemin vers l’électrification demeure semé d’embûches. Selon les projections, seulement 23 % des véhicules particuliers et 17 % des utilitaires légers en flotte seront 100 % électriques d’ici trois ans.

Stéphane Séjourné à la réunion du collège des commissaires européens au Berlaymont, le siège de la Commission européenne, à Bruxelles, en Belgique, le 15 janvier 2025.

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