Table of Contents
La publication des indices de positionnement social (IPS) des écoles, collèges et lycées met en lumière où sont scolarisés les élèves, en fonction du rang culturel et financier de leurs parents. Il n’est pas surprenant de constater que l’enseignement privé sous contrat accueille principalement des enfants issus des classes les plus favorisées.
Une réalité préoccupante pour les foyers modestes
Pour les familles vivant dans des conditions modestes, la ségrégation scolaire est une réalité alarmante. Les données issues du classement IPS des 30 055 écoles françaises révèlent des écarts significatifs : la moyenne nationale est de 110,5 points, alors que le premier décile atteint 133,4 et le dernier décile ne dépasse pas 76,5. Ce séparatisme socioscolaire enferme les jeunes dans des situations de repli identitaire et social, les isolant de la diversité qui caractérise notre société.
L’école : un miroir des clivages sociaux
Un examen approfondi des données révèle des enseignements importants. En focalisant sur le dernier décile, qui comprend les 3 005 écoles à l’IPS le plus faible, il est possible d’identifier les territoires les plus marqués par le séparatisme scolaire. Des villes comme Abbeville, Maubeuge, Mamoudzou et Pointe-à-Pitre affichent des indices autour de 70 points. D’autres villes, telles que Perpignan, Metz et Limoges, sont également parmi les plus ségréguées de France. Cette situation démontre que le phénomène de ségrégation ne se limite pas aux seules banlieues.
Les enjeux de la mixité sociale
Il est essentiel de reconnaître le désir légitime des familles de choisir la meilleure éducation pour leurs enfants tout en maintenant l’obligation des pouvoirs publics de garantir un minimum de mixité sociale. Pour atteindre cet objectif, deux leviers principaux peuvent être actionnés.
Tout d’abord, la qualité de l’offre éducative doit être uniformisée dans l’école publique, afin que les élèves ne soient pas pénalisés par leur lieu de scolarisation. Si les parents peuvent avoir confiance en l’égalité de l’enseignement, alors une répartition plus équilibrée des élèves sur le territoire peut être envisagée. Des expérimentations menées depuis 2015 montrent déjà des résultats positifs.
Financement public de l’enseignement privé
La question de la participation de l’enseignement privé sous contrat au « scolariser ensemble » est au cœur des réflexions sur la mixité sociale. La France finance l’enseignement privé à hauteur de 5,4 milliards d’euros par an, un montant qui permet à cette sectorisation d’afficher des résultats de plus en plus inégaux. Avec cet argent public, le secteur privé tend à accueillir de moins en moins d’élèves défavorisés, alors que les ressources font défaut dans l’éducation publique pour compenser ces inégalités.
C’est l’indivisibilité de la République qui est mise à mal, et il est temps d’exiger des contreparties de la part d’un enseignement privé qui fonctionne de manière quasi autonome, en contradiction avec l’esprit de la loi Debré.
Conséquences sur le pacte républicain
Le glissement politique des milieux populaires vers l’extrême droite depuis deux décennies est symptomatique de la situation éducative. Le sort réservé aux enfants issus de ces milieux au sein de l’école de la République influence sans aucun doute cette évolution. Lorsqu’une école séparée renforce l’exclusion et l’injustice sociale, c’est notre pacte républicain qui est en péril.