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L’un des plus grands scandales municipaux des dernières années concerne l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Pour vous rafraîchir la mémoire, pensez à un repas d’huîtres parisien à 347 €, à une paire d’écouteurs à 900 €, et à une série de voyages douteux du Mozambique jusqu’au Brésil.
Les révélations des journalistes
Les dépenses extravagantes des dirigeants de l’OCPM ont été mises à jour par des journalistes de Québecor à l’automne 2023. Ces reporters ont fourni un travail acharné, enquêtant, multipliant les entrevues et épluchant des piles de factures. C’était un travail de qualité, d’un vif intérêt public.
Une nouvelle salve d’informations
Quelques semaines plus tard, une seconde salve d’informations embarrassantes a été révélée grâce à une instance peu connue du grand public : la Commission sur les finances et l’administration de la Ville de Montréal. Des journalistes ont profité d’une séance pour interroger au micro les dirigeants de l’OCPM, marquant un moment crucial de cette affaire.
Une tentative de censure
Cependant, un groupe d’élus montréalais souhaite empêcher les hauts fonctionnaires de subir le supplice des questions des journalistes lors des commissions. Leur stratégie ? Décréter que les journalistes ne sont pas des citoyens. Rien de moins.
La Ville de Montréal compte 11 « commissions permanentes », créées en 1987 par l’administration de Jean Doré pour « démocratiser l’appareil municipal ». Ces commissions, composées d’élus de tous les partis, abordent divers sujets tels que la sécurité publique, la culture et l’environnement. Elles se réunissent plusieurs fois par an, offrant aux conseillers municipaux l’opportunité d’interroger les hauts fonctionnaires sur l’utilisation des fonds publics.
Le rôle des journalistes
Les journalistes assistent occasionnellement à ces commissions et, bien que rares, ils posent parfois des questions aux côtés des citoyens. Ces commissions constituent un outil essentiel pour la démocratie municipale, car elles permettent un accès direct et public à des responsables comme la directrice du service de l’habitation ou la patronne du service de l’eau.
En novembre 2023, lors d’une commission sur les déboires de l’OCPM, des journalistes ont interrogé la présidente Isabelle Beaulieu et sa prédécesseure Dominique Ollivier. Ces dernières étaient tenues de répondre en direct, évitant les réponses filtrées par des attachés de presse.
Les conséquences de la censure
Cet exercice a provoqué l’indignation d’un citoyen, ami de Dominique Ollivier, qui a estimé que la séance avait été transformée en « conférence de presse ». Il a dénoncé cette situation, ce qui a déclenché un processus secret au sein de la Commission de la présidence du conseil, responsable du bon fonctionnement des instances démocratiques à Montréal.
Entre mars et décembre 2024, la Commission a tenu cinq séances à huis clos pour élaborer une proposition visant à mieux encadrer les prises de parole lors des questions des citoyens dans les commissions permanentes. Leur conclusion propose une « réforme réglementaire » excluant les journalistes de la définition de « citoyen ». Si la proposition est adoptée, les journalistes ne pourront plus poser de questions lors des commissions.
Une situation inquiétante pour la démocratie
La présidente de la Commission, Véronique Tremblay, a refusé d’expliquer le raisonnement derrière cette exclusion. Les journalistes, selon le rapport, bénéficient déjà d’un canal direct pour poser leurs questions, mais cela n’est pas satisfaisant. La Ville exige souvent des questions écrites à l’avance, et les réponses tardent parfois plusieurs semaines.
Si l’accès des médias est restreint lors des commissions permanentes, ce sont les Montréalais qui en souffriront. Chaque restriction à l’accès des dirigeants de la Ville accroît l’opacité d’un système déjà bien complexe de contrôle de l’information.