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Le nouveau roman de Jonas Lüscher, intitulé « Verzauberte Vorbestimmung », nous plonge dans un voyage fascinant entre passé et futur, tout en explorant sa propre expérience traumatique liée à une grave infection au coronavirus.
Un voyage personnel au cœur du roman
Pour mieux comprendre « Verzauberte Vorbestimmung », il est essentiel de connaître le contexte dans lequel Jonas Lüscher a écrit ce livre. Au printemps 2020, il a contracté une grave infection au COVID-19, qui a failli lui coûter la vie. Après sept semaines passées dans le coma, relié à des machines de survie, cette expérience a profondément marqué son écriture.
Ce vécu, ainsi que les réalités oniriques qu’il a expérimentées durant son coma, influencent de manière indélébile le récit. Cependant, pour saisir pleinement les thèmes et les motifs qui en découlent, il est nécessaire de s’immerger dans le livre jusqu’à sa dernière page.
Des récits entrelacés
Le roman présente de multiples récits. Nous rencontrons, par exemple, un tirailleur algérien de l’armée française durant la Première Guerre mondiale, qui cesse de se battre au cœur d’une attaque au gaz. Un demi-siècle plus tard, le poète allemand Peter Weiss, un écrivain maintenant dans l’oubli, découvre un village du sud de la France où le facteur Ferdinand Cheval a consacré des années à construire son « palais idéal » à partir de pierres ramassées.
Ce n’est pas l’auteur lui-même qui raconte cette histoire, mais une serveuse qui a croisé Weiss, et qui la partage avec un autre facteur algérien.
Visions d’avenir et réflexions sur la technologie
Le narrateur, que l’on peut associer à Lüscher lui-même, voyage vers le palais de Cheval et ensuite à Varndorf, en République tchèque, où il devient témoin d’une révolte des tisserands. L’auteur se projette également dans un futur dystopique en Égypte, où la nouvelle capitale en construction, sous le régime de Sisi, est déjà en déclin.
En 2055, il imagine Tari, une jeune fille qu’il a observée, se produisant lors d’un spectacle comique, alors que l’armée de la Russie post-Poutine s’effondre et que la plupart des Égyptiens luttent pour survivre. Parallèlement, ceux qui le peuvent se « connectent » pour lier leur esprit au savoir mondial, cherchant à vivre éternellement.
Thèmes de mortalité et de technologie
Le philosophe qui sommeille en Lüscher aborde la question de l’immortalité et ses conséquences sur l’expérience humaine. Une des « connectées » réalise que rien ne peut réellement avoir de valeur si elle n’est pas consciente de sa propre mortalité. Sa quête d’amour l’amène à envisager la destruction de son disque dur, ce qui la priverait de son immortalité.
Dans cette quête, le narrateur associe son voyage à un processus mythologique, où il se transforme en une âme libre qui traverse le temps et l’espace. Il se matérialise sous la forme d’un oiseau à tête humaine, portant les traits de Peter Weiss, une figure marquante des premiers chapitres du roman.
Entre passé et futur
Les thèmes de ce roman sont tissés ensemble par les expériences personnelles de l’auteur et la complexité de la technologie. Lüscher examine les révoltes historiques des tisserands et la lutte entre le progrès technologique et ses conséquences. Il questionne sa propre relation à la technologie et à la survie, ayant vécu comme une machine humaine durant son coma.
Malgré ses réflexions sur le « trop de pensée, pas assez de vie », Lüscher se révèle être un narrateur captivant, notamment lors d’épisodes intenses comme la révolte des tisserands. Le roman se termine sur une note intrigante, évoquant un trip verbal transcendant, où le protagoniste devient partie intégrante de tout ce qui l’entoure.