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Le gouvernement britannique semble désormais s’engager dans une politique similaire à celle de Donald Trump : la démolition de l’État administratif. Même si le spectacle est moins présent, les résultats pourraient s’avérer plus difficiles à contester. Cela semble absurde ? Regardons les preuves.
Un changement de leadership provocateur
La récente expulsion brutale du président de la Competition and Markets Authority, Marcus Bokkerink, est un exemple frappant. Son « crime » était de prendre son rôle au sérieux en cherchant à empêcher la formation de monopoles corporatifs. Il a été remplacé par l’ancien directeur d’Amazon UK, une entreprise largement accusée de pratiques monopolistiques. Cette approche rappelle clairement celle de Trump : évincer le régulateur et insérer quelqu’un issu de l’entreprise à réglementer.
Guerre culturelle contre les protections publiques
Keir Starmer et la chancelière Rachel Reeves ont lancé le mois dernier une guerre culturelle contre les protections publiques. Ils ont décrit, avec une violence croissante, ces protections comme des « mauvaises herbes » à « éliminer » ou des barrières à « détruire ». Au lieu de se concentrer sur les risques, le rôle des régulateurs devrait être de « favoriser la croissance ». En écho à la rhétorique de Trump, Starmer a promis de « construire, bébé, construire » et a affirmé que « ce gouvernement les balaiera ». Son objectif, selon ses dires, est inspiré par les conversations avec des PDG, qui se plaignent que leurs projets sont freinés par les obstructions citoyennes et les défis juridiques.
Les dangers d’une dérégulation excessive
Alors que Trump pourrait faire face à un Congrès où il a une majorité fragile, ce gouvernement britannique est actuellement sans opposition. Il fait face à un vide d’opposition des Tories : c’est ce qu’ils auraient voulu faire, s’ils avaient osé. Bien que le Premier ministre cherche à apaiser le pouvoir corporatif, son attaque contre la régulation pourrait avoir des résultats qu’il jugerait moins favorables. En effet, sans un État administratif robuste, rien ne se passe, ce qui empêche à la fois les bonnes et les mauvaises initiatives de se concrétiser.
Consultation sur l’utilisation des terres
Les bonnes nouvelles incluent la consultation sur l’utilisation des terres que le gouvernement a lancée le mois dernier. Ses propositions pourraient être révolutionnaires, établissant pour la première fois en Angleterre une politique rationnelle sur l’utilisation des terres. Là où l’agriculture produit presque rien, le document propose de mieux utiliser les terres pour raviver les écosystèmes. Il appelle à la restauration des tourbières, des forêts et des habitats côtiers, ainsi qu’à la « renaturalisation de nos plans d’eau ».
Contradictions dans les politiques environnementales
Des contradictions bizarres émergent. Le document principal déplore que l’Angleterre soit « l’un des pays les plus appauvris en nature au monde », tout en suggérant que l’amélioration de la biodiversité n’interviendra pas avant 2042. De plus, l’utilisation de critères inappropriés pour déterminer où les arbres doivent revenir complique davantage la situation, excluant de nouvelles forêts des zones de montagne tout en suscitant des conflits dans les basses terres.
Les défis de la mise en œuvre des nouvelles politiques
Toutes ces propositions nécessitent un engagement indéfectible face aux pressions des pouvoirs en place, soutenus par des agences gouvernementales solides et bien financées. Cependant, après quinze ans de coupes budgétaires et de démoralisation, ces organismes sont à bout de souffle. Le gouvernement semble déterminé à les affaiblir encore davantage, tout en lançant une guerre culturelle contre les régulateurs.
Les marchés privés de la nature
Plutôt que d’aborder ces défis, le gouvernement semble privilégier les « marchés privés de la nature », alors même que ces marchés souffrent d’une crise de confiance mondiale. Même si ces marchés fonctionnaient, ils auraient toujours besoin d’un cadre réglementaire solide, appliqué par des autorités publiques robustes.
La réaction des agriculteurs
Les agriculteurs expriment à juste titre leurs préoccupations face à la demande d’améliorations environnementales, alors que le gouvernement soutient des projets d’expansion d’aéroports et de nouvelles routes. Ces approches à deux vitesses ne font qu’alimenter le mécontentement. Le gouvernement semble ignorer qu’on ne peut pas mettre en œuvre un programme ambitieux de changement sans des organismes gouvernementaux solides.