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L’assignation à résidence de Karim Mohamed-Aggad à Lure, une petite ville de Haute-Saône, suscite de vives réactions. En effet, cet homme, dont le frère fait partie des terroristes décédés lors des attentats du Bataclan en novembre 2015, se retrouve au cœur d’une controverse concernant la sécurité publique et les enjeux de la nationalité.
Qui est Karim Mohamed-Aggad ?
Karim Mohamed-Aggad est le frère de Foued Mohamed-Aggad, l’un des trois terroristes qui ont attaqué le Bataclan. Pendant les attentats de Paris, Foued a perdu la vie. Karim, attiré par l’idéologie de l’État islamique, a été condamné en mai 2017 à neuf ans de prison pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » suite à son passage en Syrie en 2013 et 2014.
Devant le tribunal, il avait prétendu s’engager dans des actions humanitaires contre le régime de Bachar al-Assad. Toutefois, il a été prouvé qu’il avait rejoint Mourad Fares, un recruteur notoire pour le djihad. À l’époque, Karim aurait même confié à son frère : « Je sens que le produit *daechien* pénètre dans mes veines ». Après sa libération, il a été à nouveau condamné à six mois de prison pour avoir enfreint les mesures de surveillance imposées.
Pourquoi son assignation pose problème
En novembre 2023, Karim Mohamed-Aggad a été déchu de sa nationalité française par un décret de la Première ministre Élisabeth Borne. Ses avoirs ont été gelés par les ministères concernés. Cette déchéance lui permet désormais d’être expulsé vers l’Algérie ou le Maroc, nations dont il possède la nationalité par ses parents. Cependant, ces deux pays refusent de le reprendre, n’ayant pas délivré le laissez-passer consulaire nécessaire à son expulsion.
Initialement placé dans un centre de rétention administrative à Metz, il a été assigné à résidence à Lure en juin 2024. Éric Houlley, le maire de la ville, a exprimé son désaccord avec cette décision, soulignant que cela risquait d’entraîner des inquiétudes parmi les habitants. De fait, des alertes ont été signalées sur les réseaux sociaux, renforçant la psychose au sein de la population.
La réaction du ministre de l’Intérieur
Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a déclaré qu’il était nécessaire de « changer les règles » concernant l’expulsion des individus jugés dangereux. Il a insisté sur le fait que la législation actuelle entrave l’efficacité des actions de l’État pour faire face à des situations comme celle de Karim Mohamed-Aggad.
La faute aux autorités françaises, dit son avocat
Matthieu Bagard, l’avocat de Karim Mohamed-Aggad, a critiqué les autorités françaises pour leur négligence. Avant de le déchoir de sa nationalité, elles auraient dû vérifier auprès des gouvernements algérien et marocain qu’il avait bien la nationalité de ces États. Selon lui, cette défaillance a conduit son client à se retrouver dans une situation d’apatridie, sans identité officielle.
Me Bagard a souligné que les autorités avaient l’obligation de confirmer la nationalité de Karim et que ce manquement est à l’origine des complications actuelles pour son expulsion.