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Dérangements et dangers des traversées fluviales à Deir ez-Zor
Après la destruction de tous les ponts reliant les deux rives du fleuve Euphrate dans la province de Deir ez-Zor durant les années de la révolution syrienne, les bacs fluviaux sont devenus le seul moyen de transport pour les civils et les marchandises entre les rives. Cependant, ces bacs sont fabriqués localement et de manière rudimentaire, manquant des normes de sécurité minimales, ce qui représente un danger pour la vie des civils et constitue un fardeau économique pour les habitants.
Les ponts de Deir ez-Zor ont été systématiquement bombardés par le régime syrien, la coalition internationale et les forces russes depuis le début de la révolution syrienne, dans le but de couper les voies d’approvisionnement et de séparer les villes les unes des autres. La province compte six ponts principaux sur le fleuve Euphrate, tous détruits, dont le célèbre pont suspendu, symbole de la ville, ainsi que d’autres ponts sur le fleuve Khabour et à l’intérieur de la province.
Un choix forcé
Aujourd’hui, les bacs fluviaux sont utilisés comme moyen principal de transport pour les civils après la destruction des ponts, avec la présence de 11 points de passage fluviaux allant de la ville de Boukamal jusqu’aux abords de la ville de Raqqa. Cependant, ces traversées représentent des défis quotidiens pour les habitants de la région.
Dans ce contexte, Abderrazak al-Haza, un habitant de Deir ez-Zor, explique qu’il a dû traverser le fleuve depuis les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) vers les zones du gouvernement de transition syrien pour inscrire sa fille au collège, mais il a rencontré de nombreuses difficultés, notamment la hausse des tarifs des bacs, en plus des dangers qui guettent les traversants.
De même, Tasnim al-Jassem, une élève de lycée, témoigne qu’elle est contrainte d’attendre longtemps pour utiliser les bacs réservés aux étudiants, qui sont gratuits, tandis que les tarifs élevés rendent difficile l’utilisation des bacs privés.
Mohammed Ashawi, un autre habitant de Deir ez-Zor, confirme que les bacs fluviaux constituent un fardeau supplémentaire pour les employés, les étudiants et les malades qui ne peuvent pas payer les frais de passage quotidien. Il ajoute que les habitants ont un besoin urgent de réhabiliter les ponts pour relier les zones rurales à la ville et alléger leurs charges.
Les opérateurs de bacs
Les bacs fluviaux ont été créés sur les 11 points de passage qui relient les deux rives, notamment les points de passage de la ville de Deir ez-Zor et du pont politique, et de l’autre côté, le village de Hatla, ainsi que le passage de la ville de Mayadeen, qui fait face au village de Hawij, et le passage de la ville d’Ashara, en face du village de Darin, ainsi que d’autres répartis sur toute la province, à l’est et à l’ouest.
Hassan Al-Jijian, un propriétaire de l’un des bacs entre Hatla et la ville de Deir ez-Zor, indique qu’il existe deux types de bacs : certains sont gérés par le gouvernement de transition avec des tarifs symboliques, tandis que d’autres sont privés avec des prix réduits. Il ajoute que les surcharges et les petits bacs compliquent le travail, en plus de l’augmentation des coûts d’exploitation en raison des produits pétroliers et des pièces de rechange. De plus, il souligne que la montée ou la baisse du niveau de l’eau entraîne parfois la noyade de certains véhicules lors de la traversée.
Amer Al-Salman (nom fictif), un autre opérateur de bacs, précise que les prix varient d’un point de passage à l’autre, où les frais de transport des motos se situent entre 2000 et 5000 livres syriennes, tandis que les frais de transport des petites voitures atteignent 75 000 livres, et ceux des véhicules commerciaux peuvent aller jusqu’à 300 000 livres, voire 500 000 livres dans certains cas. Il mentionne également que certains points de passage sont fermés de manière arbitraire par les éléments de la FDS jusqu’à ce qu’ils reçoivent des sommes d’argent pour les rouvrir.
Solutions possibles
Dans le contexte de la destruction continue des ponts et de l’absence de solutions durables, la province de Deir ez-Zor cherche des solutions d’urgence. L’ingénieur Abdul Aziz Abdul Aziz, directeur des services techniques à Deir ez-Zor, souligne que les bacs fluviaux ne fournissent pas un moyen de transport sûr, surtout en hiver en raison des conditions météorologiques.
Il ajoute qu’une étude a été réalisée pour réhabiliter certains ponts, mais les sanctions imposées à la Syrie et le manque de ressources ont empêché leur mise en œuvre. En tant que solution temporaire, les services techniques travaillent à la réparation du pont militaire, construit précédemment par les forces iraniennes pour relier leurs zones d’influence dans la campagne de Deir ez-Zor, mais certaines parties ont été endommagées par les forces démocratiques syriennes. Ce pont devrait être opérationnel dans les jours à venir.