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Syrie : Des milliers de documents révèlent la bureaucratie du régime
La presse française a récemment mis en lumière un ensemble de plus de 8 000 documents provenant de 14 prisons et agences de renseignement en Syrie, révélant l’ampleur de l’oppression bureaucratique exercée par le régime de Bachar al-Assad depuis près de cinquante ans.
Une histoire de secrets dévoilés
Dans un rapport détaillé, le correspondant d’Libération, Arthur Saradin, a commencé son enquête depuis le siège des services de renseignement militaires à Sweida. Il décrit comment des groupes armés cherchent à protéger les bureaux gouvernementaux des tentatives de destruction de documents sensibles.
Une nation sous surveillance
Les secrets du régime, responsable de la persécution et de l’incarcération de milliers d’opposants, commencent à émerger depuis la fuite de la famille Assad. Ces révélations sont le résultat d’une bureaucratie de la mort qui a enregistré minutieusement des informations pendant des décennies. Des milliers de documents, allant des avis de décès à des ordres de transfert, offrent des preuves accablantes sur les crimes commis et les destins tragiques de nombreux disparus.
Des preuves accablantes
Au sein du siège des services de renseignement militaires, des téléphones cassés gisent dans une pièce dédiée à l’écoute des communications. Les archives, quant à elles, sont encombrées de cendres, témoignant des tentatives de dissimulation. Mamdouh, un informateur, indique que malgré les efforts pour détruire les preuves, un grand nombre de documents demeurent intacts.
Il évoque notamment un document ancien où un religieux exprime son mécontentement concernant la baisse des pots-de-vin, ainsi que des rapports sur des interventions secrètes en Irak. Des enquêtes sont également ouvertes contre des citoyens pour des activités jugées suspectes, comme la pratique du yoga.
Un système de répression bien rodé
Le nombre d’informateurs est estimé à des centaines de milliers, représentant une proportion alarmante d’un informateur pour 158 citoyens, une des plus élevées au monde. Dans la prison centrale de Sweida, des milliers de documents éparpillés témoignent de la brutalité du régime, malgré des tentatives de brûlage de preuves.
Des témoignages poignants
Un jeune homme de Daraya raconte son arrestation en 2012 après avoir refusé de se soumettre à un soldat. Il a subi un an de torture dans une unité de renseignement, où les abus sont orchestrés dans un but de déshumanisation et d’écrasement psychologique.
Une bureaucratie de la terreur
Les documents révèlent également des interceptions d’appels entre des responsables militaires, où la peur de représailles et les manœuvres d’intimidation sont omniprésentes. Un soldat, accusé de trahison pour avoir tenté d’aider des manifestants, a subi de terribles sévices.
Un défi immense pour la justice
Les acteurs de la justice transitionnelle en Syrie font face à un défi colossal. La tâche de rassembler et d’analyser des millions de documents éparpillés à travers les prisons syriennes semble presque insurmontable, exacerbée par un manque de ressources et les sanctions internationales qui compliquent davantage la situation.