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Appel à une justice transparente dans l’affaire des détenus en Tunisie
La coordination des familles des prisonniers politiques en Tunisie a demandé ce jeudi une procédure judiciaire publique pour leurs proches dans le cadre de l’affaire connue sous le nom de « complot contre la sécurité de l’État ». Elles ont exprimé leur refus de voir cette audience se dérouler dans des « chambres obscures », en réponse à la décision des autorités judiciaires de procéder à un procès à distance.
Contexte de l’affaire
L’affaire du complot contre la sécurité de l’État remonte à février 2023, lorsque plusieurs politiciens, activistes de la société civile et avocats ont été arrêtés. Le dossier compte environ 40 accusés, accusés de « former une coalition en vue de conspirer contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État » et de rejoindre une organisation terroriste.
Appels à une audience publique
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti républicain (opposition) dans la capitale tunisienne, Azeddine El Hazziki, père d’un des détenus, a lu un message écrit par son fils depuis sa cellule, dans lequel il affirmait : « Nous voulons que notre procès soit public, et non dans des salles fermées », soulignant que « c’est le régime qui sera jugé pour sa conspiration contre la liberté ».
Violation des droits de la défense
Le porte-parole du parti républicain, Wissam Al-Saghir, a déclaré que « la décision de la cinquième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, de procéder à une procédure à distance et d’interdire le transfert des accusés de la prison vers la salle d’audience, constitue une violation flagrante des principes d’un procès équitable ».
Il a appelé les autorités judiciaires « à revenir immédiatement sur cette décision, permettant aux accusés de jouir de leur droit d’assister en personne au tribunal, en respect des droits fondamentaux et des garanties d’un procès équitable ».
Demandes de diffusion télévisée
De son côté, la députée ancienne Monia Ben Ibrahim, épouse du politicien emprisonné Abd al-Hamid Jlasi, a déclaré : « Nous demandons une diffusion télévisée en direct de toutes les étapes du procès afin que le peuple puisse prendre connaissance des détails de ce dossier ».
Elle a également appelé les Tunisiens à « manifester le 4 mars prochain pour soutenir les dirigeants politiques et exprimer leur rejet de la tenue d’un procès à distance, considérant cela comme une atteinte aux principes des procès équitables ».
Réactions des partis politiques
Lors d’une conférence de presse organisée par la Front de salut national, le président de ce front, Ahmed Najib Chebbi, a appelé les autorités à mettre un terme aux procédures de jugement des opposants politiques, affirmant que les accusations portées contre eux sont infondées.
Les principaux accusés
Parmi les principaux détenus accusés dans cette affaire figurent : Joher Ben Mbarek (membre du Front de salut national), Issam Chebbi (secrétaire général du parti républicain), Abd al-Hamid Jlasi (ancien dirigeant du mouvement Ennahda), Ghazi Chawashi (ancien ministre), Khaïem Turki (ancien dirigeant du parti Attakattol) et Ridha Belhaj (ancien président du cabinet présidentiel).
Contexte politique actuel
Le président Kais Saïed accuse des politiciens de « complot contre la sécurité de l’État » et d’être à l’origine des crises de distribution de biens et de la hausse des prix. L’opposition l’accuse d’utiliser le système judiciaire pour poursuivre ceux qui s’opposent aux mesures exceptionnelles qu’il a imposées le 25 juillet 2021.
Des forces politiques en Tunisie considèrent ces mesures comme un « coup d’État contre la constitution de la révolution », tandis que d’autres soutenant le président Saïed les voient comme une « correction du parcours de la révolution de 2011 ». Le président insiste sur le fait que ses actions sont « des mesures dans le cadre de la constitution pour protéger l’État d’un danger imminent », tout en soulignant qu’il n’entend pas porter atteinte aux libertés et aux droits.