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La perte musculaire liée à l’âge, connue sous le nom de sarkopénie, peut souvent entraîner des limitations dans la vie quotidienne des personnes âgées. Le Dr Markus Klingenberg, un expert en orthopédie, explique comment l’exercice physique et une alimentation adéquate peuvent aider à prévenir cette condition et à maintenir une bonne qualité de vie chez les seniors.
La sarkopénie : Comprendre les causes et les conséquences
La sarkopénie désigne la perte de masse musculaire, de force et de fonction due à l’âge. Ce terme provient du grec, où *sarx* signifie « chair » ou « muscle », et *-penia* se réfère à un « manque » ou une « perte ». Souvent considérée comme une simple conséquence de l’âge, les effets de la sarkopénie sur la santé des patients sont souvent sous-estimés. Ce trouble a été intégré en 2018 dans la classification ICD allemande (ICD-10-GM) sous le code M62.50, permettant un diagnostic plus précis prenant en compte la masse musculaire réduite et la fonction musculaire altérée.
Cette maladie est reconnue comme un facteur de risque majeur d’accidents, de fragilité et de mortalité accrue. Une sarkopénie sévère est diagnostiquée lorsque la fonction musculaire est compromise.
À propos du Dr Markus Klingenberg
Le Dr Markus Klingenberg est un médecin spécialisé en orthopédie et en chirurgie traumatologique, avec un accent sur la chirurgie arthroscopique des épaules, des coudes, des mains, des genoux et des chevilles, ainsi que de la chirurgie du pied. Il possède également des qualifications supplémentaires en médecine du sport, en chiropraxie et en médecine d’urgence. Après avoir étudié la médecine à Bonn et à Zurich, et avoir effectué des séjours à Londres, Innsbruck et Boston, il a complété sa formation spécialisée. Depuis 2014, il est médecin-chef à la Beta Klinik de Bonn, où il se concentre sur l’arthroscopie, la chirurgie du pied et la médecine du sport.
Historique de la sarkopénie
Le terme « sarkopénie » a été introduit en 1988 par le gériatre Irwin H. Rosenberg lors d’une conférence à Albuquerque, afin de catégoriser scientifiquement la perte de masse et de force musculaire liée à l’âge. Initialement, le terme faisait référence uniquement à la perte de muscle en quantité, mais il a ensuite été élargi pour inclure des aspects de la force et de la fonction musculaire. Cela met en lumière le caractère insidieux mais significatif de la perte musculaire, particulièrement répandue chez les personnes âgées.
Qui est touché par la sarkopénie ?
La sarkopénie touche principalement les personnes âgées dans le monde entier. En France, environ 5,7 % des individus de plus de 65 ans sont concernés, et ce chiffre grimpe à 17 % chez les plus de 80 ans. Environ 10 % des plus de 60 ans sont touchés, avec des taux encore plus élevés dans les maisons de retraite.
Non traitée, la sarkopénie entraîne une perte de mobilité, un risque accru de chutes et de fractures, ainsi qu’une fragilité générale. Elle est également associée à des maladies telles que l’ostéoporose, le diabète et les maladies cardiovasculaires, augmentant la mortalité jusqu’à 3,6 fois chez les personnes touchées.
Diagnostic de la sarkopénie
Le diagnostic de la sarkopénie implique la mesure de la force musculaire (par exemple, via un test de force de la main), l’évaluation de la masse musculaire à l’aide d’une analyse de composition corporelle et des tests d’aptitude physique (comme la vitesse de marche). Des outils de dépistage appropriés, tels que les questionnaires SARC-F, peuvent également aider à la détection précoce.
Exemples de méthodes de dépistage :
- Mesure de la force de la main avec un dynamomètre (valeurs pathologiques : <27 kg chez les hommes, <16 kg chez les femmes)
- Test de relevé de chaise (>15 secondes pour se lever 5 fois d’une position assise = pathologique)
Le rôle de la nutrition
La nutrition joue un rôle clé dans la prévention de la sarkopénie, permettant de préserver la masse musculaire et de lutter contre la dégradation liée à l’âge. Les stratégies essentielles incluent un apport en protéines adapté, des micronutriments et une alimentation équilibrée.
1. Apport en protéines comme fondement
- Quantité recommandée : 1,0 à 1,2 g de protéines par kg de poids corporel par jour pour les seniors en bonne santé, jusqu’à 1,5 g/kg en cas de sarkopénie.
- Sources de qualité : Viande maigre, poisson, œufs, produits laitiers, légumineuses et produits à base de soja.
- Distribution : 25 à 30 g de protéines par repas pour optimiser la synthèse des protéines musculaires. Leucine (2,5 à 3 g par repas) favorise la construction musculaire.
2. Micronutriments aux effets synergiques
- Vitamine D : 800 à 1 000 UI/jour améliorent la force et la fonction musculaires.
- Acides gras oméga-3 : Réduisent l’inflammation et soutiennent la synthèse des protéines (ex. : par des poissons gras, de l’huile de colza).
- Antioxydants : Baies, noix et légumes verts foncés protègent contre le stress oxydatif.
3. Concept global de nutrition
- Régime méditerranéen : Riche en légumes, fruits, céréales complètes et graisses végétales, favorise la préservation musculaire et la fonction cognitive.
- Apport calorique : 24 à 36 kcal/kg/jour pour éviter la malnutrition et la perte musculaire.
- Gestion de l’hydratation : Une hydratation adéquate soutient le métabolisme musculaire.
4. Combinaison avec l’activité physique
- Entraînement en force (2 à 3 fois par semaine) et alimentation riche en protéines agissent de manière synergique : l’exercice stimule la synthèse des protéines musculaires.
- Les protéines fournissent les éléments nécessaires à la construction musculaire.
Une optimisation précoce de l’alimentation peut retarder la sarkopénie, maintenir la mobilité et améliorer significativement la qualité de vie des personnes âgées.