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Mauritanie : Le coût de l’accueil des migrants démontre une crise

by Sara
Mauritanie : Le coût de l'accueil des migrants démontre une crise
France

Les autorités mauritaniennes ont débuté, au cours de la semaine dernière, le processus de renvoi de migrants non réguliers résidant sur leur sol vers leurs pays d’origine, une décision qui a suscité des débats animés au sein de la société et de la classe politique.

Une réponse aux tensions politiques

Ce mouvement de renvoi survient après des années de controverses et d’accusations entre le gouvernement et l’opposition concernant la gestion des migrants. Les organisations de défense des droits humains ont critiqué cette initiative, appelant à une protection accrue des droits des migrants.

Au cours des dernières années, la Mauritanie est devenue une destination privilégiée pour de nombreux migrants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne, notamment du Mali, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Bien que le gouvernement mauritanien ait ouvert des centres pour recenser ces migrants, les résultats n’ont pas été publiés officiellement.

Le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed El Amine, a déclaré devant le parlement en septembre qu’environ 130 000 migrants avaient été recensés à Nouakchott, la capitale. Cependant, d’autres rapports estiment que le nombre total de migrants pourrait atteindre 500 000, représentant plus de 10 % de la population mauritanienne, qui compte environ 5 millions d’habitants.

De point de passage à terre d’accueil

Historiquement, la Mauritanie a été une simple étape pour les migrants cherchant à atteindre l’Europe, mais elle est désormais perçue comme un lieu d’établissement. La recrudescence des crises sécuritaires dans la région du Sahel a contribué à cette évolution, attirant à la fois des migrants et des déplacés.

Lors d’un sommet sur la migration à Rome en 2023, le président Mohamed Ould Ghazouani a affirmé que la Mauritanie était devenue une zone de passage et de stabilité pour les migrants. Récemment, le ministre de la Communication, Ould Medou, a déclaré que 130 000 migrants avaient franchi les frontières mauritaniennes depuis 2022, mais seulement 7 000 avaient sollicité un statut légal.

Un accord controversé avec l’Union européenne

Face à la pression croissante des migrants, la Mauritanie a signé, le 7 mars 2024, un accord avec l’Union européenne pour prévenir l’immigration irrégulière. Cet accord vise à établir un cadre de coopération pour faire face aux défis sécuritaires liés aux migrations.

Ce partenariat prévoit également le renforcement des capacités de la Mauritanie à accueillir des réfugiés et à leur fournir un accès aux services économiques et sociaux. Par ailleurs, la Mauritanie a reçu plus de 200 millions d’euros de l’UE pour soutenir ses efforts de lutte contre l’immigration illégale.

Les partis d’opposition ont qualifié cet accord de dangereux pour l’avenir du pays, mettant en péril sa structure démographique et appelant à son annulation. En revanche, le gouvernement défend que cet accord ne compromet pas l’intérêt national.

Les conséquences d’une crise migratoire

De nombreux observateurs expriment des inquiétudes quant aux problèmes de sécurité potentiels liés à l’augmentation du nombre de migrants, qui pourraient engendrer des manifestations et exacerber les tensions ethniques dans un pays déjà diversifié. La semaine dernière, des migrants renvoyés ont incendié un point de contrôle de la police à la frontière avec le Mali, manifestant leur refus de retourner chez eux.

Les migrants africains en Mauritanie se sont également impliqués dans des troubles après les élections présidentielles de 2019, ce qui a conduit à l’arrestation de plusieurs d’entre eux. Le pays, confronté à une afflux important de réfugiés, commence à ressentir le poids de cette situation sur ses ressources, notamment en ce qui concerne l’aide humanitaire.

Un appel à la solidarité régionale

Le Programme alimentaire mondial a récemment annoncé qu’il mettrait fin à son aide pour les réfugiés maliens en Mauritanie en raison d’un manque de financement. Cela soulève des inquiétudes quant à une crise humanitaire imminente, alors que le maire d’une commune frontalière a averti que l’afflux de réfugiés pourrait conduire à des conséquences catastrophiques.

Sur le plan de la sécurité, le gouvernement redoute également un lien entre les migrants et les organisations terroristes, ainsi que les réseaux de trafic de drogues qui opèrent dans la région. Le président Ould Ghazouani a souligné que le coût de la migration est élevé pour la Mauritanie, en particulier en matière de sécurité et de stabilité.

Conclusion des discussions diplomatiques

Alors que les opérations de renvoi se poursuivent, le ministre des Affaires étrangères de Mauritanie a tenu des réunions avec les ambassadeurs du Mali, du Sénégal et de la Gambie pour discuter de la situation. Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé l’engagement de la Mauritanie à promouvoir des migrations régulières et à lutter contre l’immigration irrégulière.

De son côté, le gouvernement malien a exprimé sa volonté de résoudre les problèmes concernant ses citoyens renvoyés, tout en soulignant les liens historiques et culturels forts entre les deux pays.

Refugies africains dans le camp d'Ambera en Mauritanie

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source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/3/11/%D9%87%D9%84-%D8%A8%D8%AF%D8%A3%D8%AA-%D9%85%D9%88%D8%B1%D9%8A%D8%AA%D8%A7%D9%86%D9%8A%D8%A7-%D8%AA%D8%AF%D9%81%D8%B9-%D8%AB%D9%85%D9%86-%D8%A7%D8%B3%D8%AA%D9%82%D8%A8%D8%A7%D9%84%D9%87%D8%A7?traffic_source=rss

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