Le bruit : un tueur invisible qui menace notre santé

Une crise de santé publique

« C’est une crise de santé publique, nous avons un grand nombre de personnes exposées dans leur vie quotidienne », explique le professeur Charlotte Clark de l’Université St George à Londres. Il s’agit d’une crise dont on parle peu.

La mesure de notre réaction au bruit

Pour comprendre quand le bruit devient dangereux, j’ai rencontré le professeur Clark dans un laboratoire sonore étonnamment silencieux. J’étais équipé d’un appareil ressemblant à une montre connectée pour mesurer mon rythme cardiaque et la transpiration de ma peau.

Pensez à comment ces cinq sons vous font sentir. Personnellement, le bruit de la circulation à Dhaka, au Bangladesh, me dérange énormément. Ce bruit me donne l’impression d’être coincé dans un embouteillage stressant, et mon rythme cardiaque augmente tandis que ma sueur s’intensifie.

Les effets du bruit sur notre corps

Le professeur Clark souligne qu’il existe des preuves solides que le bruit de la circulation affecte notre santé cardiaque. Seuls les sons joyeux d’un terrain de jeu ont un effet apaisant, tandis que les aboiements des chiens et les fêtes de voisins entraînent des réactions négatives. Pourquoi le son modifie-t-il notre corps ? « Vous avez une réponse émotionnelle au son », explique-t-elle.

Quand le son est détecté par l’oreille, il est transmis au cerveau, où l’amygdale évalue la situation émotionnellement. Cela fait partie de la réponse « combat ou fuite » du corps, qui s’est développée pour nous aider à réagir rapidement face à des dangers.

Bien que cela soit utile en cas d’urgence, une exposition prolongée provoque des dommages. Selon le professeur Clark, une exposition de plusieurs années augmente le risque de maladies telles que les crises cardiaques, l’hypertension et le diabète de type 2.

Un refuge menacé par le bruit

Le bruit, qui est un son indésirable, provient principalement des transports : la circulation, les trains et les avions. Je rencontre Coco, qui vit dans un appartement au quatrième étage dans le quartier historique de Vila de Gràcia à Barcelone. Bien qu’elle adore cet endroit, elle se sent contrainte de partir à cause du bruit constant.

« C’est extrêmement bruyant… c’est un bruit 24 heures sur 24 », dit-elle. Les parcs pour chiens à proximité et les fêtes organisées dans la cour deviennent rapidement source de stress. « Mon chez-moi devrait être un refuge, mais le bruit me frustre, je me sens sur le point de pleurer », confie-t-elle.

Les conséquences du bruit à Barcelone

A Barcelone, le bruit de la circulation est responsable d’environ 300 crises cardiaques et 30 décès par an, selon le Dr Maria Foraster, qui a étudié les effets du bruit pour l’Organisation mondiale de la santé. A l’échelle européenne, le bruit est lié à 12 000 décès prématurés chaque année.

Les niveaux de bruit à surveiller

Lors d’une rencontre avec le Dr Foraster dans un café près d’une route très fréquentée, le bruit mesuré dépassait les 60 décibels. Il est crucial pour la santé cardiaque de rester en dessous de 53 décibels. Cette attention portée au bruit est essentielle, car le volume n’est pas le seul facteur ; la perturbation qu’il cause et le contrôle que nous avons sur lui influencent notre réponse émotionnelle.

Urbanisation et bruit croissant

Les dangers du bruit continuent d’augmenter, en particulier dans les grandes villes en pleine expansion comme Dhaka, qui génère un bruit assourdissant de klaxons. Un artiste, Momina Raman Royal, a commencé des manifestations silencieuses pour attirer l’attention sur la problématique du bruit dans sa ville.

Il ne s’agit pas seulement d’une prise de conscience, mais aussi d’initiatives politiques pour réduire le bruit à travers des campagnes de sensibilisation et une application plus stricte des lois existantes. Le but est de garantir un environnement moins bruyant, permettant ainsi d’améliorer la qualité de vie des habitants.