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Hausse des appels au boycott des produits américains en Allemagne en 2024
En Allemagne, les appels à boycotter les produits américains se multiplient, stimulés par les décisions du président américain Donald Trump, sa politique étrangère et sa guerre commerciale contre ses partenaires, notamment les pays de l’Union européenne.
Ces appels se traduisent par des recommandations concrètes telles que :
- Privilégier les chaussures de la marque allemande Adidas plutôt que celles de Nike.
- Utiliser la plateforme de commerce en ligne Zalando à la place d’Amazon.
- Opter pour les voitures Volkswagen au lieu des Tesla américaines.
Dans un geste symbolique, des militants retournent les produits américains sur les étagères des magasins allemands, marquant ainsi leur rejet.
Campagnes de boycott à l’échelle européenne
Cette dynamique intervient après que les consommateurs canadiens ont commencé à exclure les produits américains de leurs courses quotidiennes, en réaction aux droits de douane imposés par Trump sur les marchandises canadiennes, perçus comme punitifs.
Des mouvements de boycott à grande échelle ont émergé au Canada et au Danemark, motivés en partie par la volonté de Trump de faire du Canada le 51e État américain et ses demandes répétées d’acheter le Groenland, territoire danois.
Les campagnes se sont étendues à la France, à la Suède et à d’autres pays européens.
En Europe, les jeunes organisent ces campagnes via des forums comme Reddit, les réseaux sociaux et d’autres plateformes pour promouvoir les produits et industries européennes tout en boycottant les produits américains.
Un forum intitulé « Achetez dans l’Union européenne » (BuyFromEU) compte 189 000 membres, tandis que le site GoEuropean.org soutient aussi cette démarche en valorisant les produits européens comme alternative aux produits américains.
L’objectif est de soutenir l’économie locale sans nuire au marché du travail, d’autant que de nombreuses entreprises américaines ont des sites de production en Europe, comme Gillette, qui fabrique ses lames de rasoir en Allemagne.
Rejet officiel du boycott par le gouvernement et les professionnels
Le gouvernement allemand a officiellement rejeté le boycott des produits américains. Le porte-parole Stefan Hebestreit a déclaré que l’Allemagne souhaite entretenir de bonnes relations commerciales avec les États-Unis et déploie tous ses efforts en ce sens.
Il a souligné que, pour un pays fortement exportateur comme l’Allemagne, il est crucial de réduire les barrières commerciales, pas d’en créer de nouvelles.
De son côté, Dirk Jandura, président de l’Union du commerce de gros et des services extérieurs, s’est opposé à l’idée du boycott, la qualifiant de mauvaise solution. Il a insisté sur la nécessité d’engager un dialogue avec les États-Unis concernant les questions commerciales, plutôt que d’avoir recours à des boycotts ou à des droits de douane réciproques.
Les États-Unis, premier partenaire commercial de l’Allemagne en 2024
Pour la première fois depuis 2015, les États-Unis sont devenus en 2024 le principal partenaire commercial de l’Allemagne, dépassant la Chine.
- Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 252,8 milliards d’euros (273 milliards de dollars).
- Les exportations allemandes vers les États-Unis s’élèvent à 161 milliards d’euros (173,9 milliards de dollars).
Impact du boycott sur les consommateurs et l’économie
Simon Fischer, économiste allemand, a expliqué à Al Jazeera que la politique commerciale de Trump est la principale cause du désintérêt de certains consommateurs pour les produits américains.
Il a précisé que ces politiques pourraient déstabiliser la balance commerciale, non seulement avec l’Europe mais aussi avec les alliés traditionnels de Washington, car la production ne se limite pas à un seul pays mais s’étend à travers des réseaux internationaux. Cela pourrait affecter les chaînes d’approvisionnement et l’emploi en Europe.
Holger M., militant allemand engagé dans les campagnes de soutien aux produits européens, a déclaré : « Je ne suis pas contre les entreprises américaines, mais je ne veux pas soutenir les décisions de Trump avec ma voiture ou mes chaussures ! En Europe, nous avons des produits de haute qualité, pourquoi ne pas leur donner la priorité ? »
Un sondage réalisé par l’institut YouGov révèle que plus de la moitié des Allemands ne souhaitent plus acheter de produits américains en cas de conflit sur les droits de douane. Parmi eux, 48% déclarent qu’ils boycotteraient volontairement ces produits pour des raisons politiques.
Questions en suspens
Alors que les appels populaires au boycott continuent de se faire entendre, la question demeure : ces initiatives individuelles peuvent-elles réellement influencer les politiques des grandes puissances ?