Table of Contents
La récente condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national plonge le Rassemblement national (RN) dans une crise profonde. Alors que la décision de justice rendue le 31 mars par le tribunal de Paris a entraîné une peine d’inéligibilité immédiate pour la présidente du RN, la candidature historique de cette dernière à l’élection présidentielle est suspendue jusqu’au procès en appel prévu pour l’été 2026. Entre contestations virulentes, tensions internes et remises en question stratégiques, le parti d’extrême droite fait face à une période particulièrement tourmentée.
Une onde de choc politique majeure
Le jugement du tribunal de Paris a provoqué un séisme au sein de la sphère politique française et au-delà. La sanction d’inéligibilité immédiate peut empêcher Marine Le Pen de se présenter à la présidentielle, ce qui représente un coup d’arrêt significatif pour le RN. Cependant, c’est surtout la réaction du parti qui illustre la gravité de la situation. La condamnation a mis en lumière les failles internes du RN, dévoilant un mélange de complotisme exacerbé, d’amateurisme dans la gestion de crise, et les premiers signes d’une lutte fratricide au sein des cadres.
Du discours complotiste à la défiance envers la justice
Le 31 mars, au sortir du tribunal, Marine Le Pen et ses proches ont lancé une offensive sans précédent contre le système judiciaire. La cheffe du RN a dénoncé un « système qui a sorti l’arme nucléaire » pour la neutraliser, une rhétorique reprise en chœur par ses alliés qui ont souvent flirté avec des propos complotistes. Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, a par exemple qualifié certains magistrats de « tyrans » engagés dans une « vendetta ». Par ailleurs, le RN a tenté d’assimiler la décision judiciaire à une manipulation politique, comparant la France à des régimes illibéraux comme la Hongrie ou la Turquie.
Cette posture rappelle les stratégies de contestation observées ailleurs, comme celles de Donald Trump, et illustre la radicalisation du discours du RN face à la justice.
Des excès inquiétants et un amateurisme criant
Au-delà des discours, certains membres du RN ont franchi des lignes rouges inquiétantes. Guy-Olivier Cuénot, élu en Nouvelle-Calédonie, s’est publiquement réjoui des menaces proférées contre les juges, tandis qu’un responsable du parti en Aveyron a comparé la condamnation de Marine Le Pen à la « solution finale », une référence choquante à la Shoah. Ces dérapages reflètent le désarroi et l’agitation au sein du parti.
En parallèle, l’amateurisme dans la gestion de la crise est flagrant. La défense de Marine Le Pen dans les médias s’est montrée désorganisée et incohérente, notamment sur la question d’un éventuel « plan B ». Alors que certains condamnés aux côtés de la présidente ont accepté leur peine sans appel, les cadres sont apparus désorientés face à la tournure des événements, ce qui alimente les critiques sur l’impréparation du RN aux échéances cruciales.
Le spectre d’une lutte fratricide au sein du RN
Pour tenter d’apaiser les tensions, Marine Le Pen a récemment laissé entendre que Jordan Bardella, son dauphin officiel, pourrait prendre la relève en cas d’inéligibilité confirmée lors du procès en appel en 2026. Cette annonce marque un changement par rapport à ses propos antérieurs, où elle minimisait l’hypothèse d’un plan B, affirmant que la présidentielle est une élection « intuitu personae » centrée sur la personne et non sur le parti.
Cependant, les relations entre Marine Le Pen, Jordan Bardella et leurs entourages semblent marquées par des ressentiments croissants. Les questions liées à la ligne politique et à l’organisation interne du RN soulignent un manque de démocratie interne qui pourrait exacerber les divisions. Ce contexte rappelle les scissions historiques à l’extrême droite, notamment celle de 1997 entre Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen, qui avait débuté autour d’une question d’inéligibilité.
Ce climat de tension interne pourrait compliquer davantage la trajectoire du RN à l’approche de la présidentielle de 2027.