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Les boissons sucrées sont déjà bien connues pour leurs effets délétères sur la santé. Qu’il s’agisse de sodas ou de jus de fruits contenant du sucre ajouté, leur consommation est liée à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires, aux caries dentaires, ainsi qu’à des troubles gastro-intestinaux et même des impacts négatifs sur le cerveau. Une nouvelle étude publiée le 13 mars dans la revue JAMA Otolaryngology–Head & Neck Surgery apporte une révélation inquiétante : ces boissons sucrées pourraient également accroître le risque de cancer de la bouche.
Une étude basée sur plus de 30 ans de suivi
Les chercheurs se sont appuyés sur les données issues de la Nurses’ Health Study (NHS) et de la Nurses’ Health Study II, deux études longitudinales démarrées en 1976. Ils ont analysé les habitudes de consommation de plus de 160 000 femmes, âgées en moyenne de 43 ans au début du suivi, ainsi que leur consommation d’alcool, de tabac et leur état de santé général sur une période de 30 ans.
En ajustant les résultats selon l’indice de masse corporelle et l’origine ethnique des participantes, les scientifiques ont constaté que les femmes consommant au moins une boisson sucrée par jour présentaient un risque accru de cancer de la cavité buccale, avec une augmentation du risque de 4,87 fois.
Un faible risque initial mais une vigilance nécessaire
Les auteurs de l’étude soulignent que, bien que la consommation élevée de boissons sucrées soit associée à une augmentation significative du risque de cancer de la bouche, ce risque reste faible au départ. Ils insistent sur la nécessité de réaliser des études complémentaires incluant davantage d’hommes et de cohortes plus larges afin de valider définitivement ces résultats.
Il est important de rappeler que les deux facteurs majeurs de risque pour le cancer de la bouche restent le tabac et l’alcool. Selon le Centre de lutte contre le cancer Léon Bernard, 90 % des patients atteints d’un cancer de la cavité orale sont fumeurs. Le risque augmente en fonction de la quantité et de la durée du tabagisme. Ces cancers sont six fois plus fréquents chez les fumeurs ou ex-fumeurs comparés aux non-fumeurs. Par ailleurs, l’arrêt du tabac peut inverser certains de ces dommages.
Tabac et alcool : un risque combiné décuplé
Concernant l’alcool, 75 % des personnes atteintes d’un cancer de la cavité buccale consomment régulièrement des boissons alcoolisées. L’alcool agit comme un facteur aggravant en augmentant la perméabilité de l’épithélium oral, en facilitant la pénétration des agents cancérigènes du tabac, en stimulant la prolifération des cellules basales et en générant des radicaux libres et de l’acétaldéhyde, substances responsables de dommages à l’ADN.
La combinaison tabac-alcool augmente ainsi le risque de cancers des voies aérodigestives jusqu’à 15 fois plus que chez une personne qui ne consomme ni l’un ni l’autre.
Statistiques en France
En France, selon les données de Santé Publique France pour l’année 2018, on estimait à 4 677 le nombre de nouveaux cas de cancer de la cavité buccale. Parmi ces patients, 3 106 étaient des hommes et 1 571 des femmes.