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La pollution aux substances perfluoroalkylées (PFAS), surnommées « polluants éternels », a conduit à une restriction importante de l’usage de l’eau potable dans plusieurs communes du Sud Alsace. Depuis 2023, des analyses ont révélé la présence de ces polluants dans les puits alimentant 11 communes de l’agglomération de Saint-Louis. En conséquence, environ 3 000 personnes sensibles sont désormais interdites de consommer l’eau du robinet pour certaines utilisations, et des mesures spécifiques ont été mises en place pour protéger la santé publique.
Restriction ciblée pour les populations sensibles
Le préfet du Haut-Rhin a pris un arrêté en date du 25 avril, qui entrera en vigueur à partir du 5 mai, concernant la restriction de l’usage de l’eau potable pour une partie de la population. Les personnes dites « sensibles » sont concernées, notamment :
- Les nourrissons jusqu’à 2 ans
- Les femmes enceintes
- Les femmes allaitantes
- Les personnes immunodéprimées
Ces mesures s’appliquent dans les 11 communes touchées : Bartenheim, Blotzheim, Buschwiller, Hégenheim, Hésingue, Huningue, Kembs, Neuwiller, Rosenau, Saint-Louis et Village-Neuf, qui regroupent près de 60 000 habitants. Toutefois, seules environ 5 % de ces habitants sont considérés comme sensibles, soit un peu moins de 3 000 personnes.
Utilisation restreinte de l’eau potable
Pour les personnes concernées, l’eau du robinet ne doit plus être utilisée pour la consommation directe ni pour la préparation des biberons. Elles sont invitées à privilégier l’eau minérale en bouteille pour ces usages. De plus, un dispositif d’aide financière est mis en place, sous conditions et sur justificatifs, afin de couvrir l’achat d’eau potable en bouteille entre le 5 mai 2024 et le 31 décembre 2025.
En revanche, l’eau du robinet reste utilisable pour :
- La cuisson des aliments
- L’hygiène corporelle
- Le nettoyage domestique
Mise en place d’unités mobiles de traitement
Ces mesures sont prises par « précaution sanitaire », a précisé le préfet du Haut-Rhin. Jean-Marc Deichtmann, président de l’agglomération de Saint-Louis (SLA), souligne qu’il est « impossible de prouver que l’eau consommée ces dernières décennies ait eu une conséquence sur la santé des habitants ». Cette décision fait suite aux recommandations du Haut Conseil de la santé publique, d’une instruction ministérielle, ainsi qu’à un avis de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est.
Les restrictions seront maintenues jusqu’à la fin de 2025, le temps de déployer des unités mobiles de traitement par charbon actif sur les trois sites de captage affectés. La mise en place de ces unités nécessitera entre quatre et six mois. Parallèlement, un projet de stations de traitement pérennes est en cours, avec une mise en service prévue pour 2027.
Ces travaux représentent un investissement conséquent estimé à 20 millions d’euros hors taxes :
- 6,5 millions d’euros pour les unités mobiles
- 13,5 millions d’euros pour les stations pérennes
Conséquences financières et perspectives tarifaires
Le coût de ces installations dépasse les capacités financières de SLA, qui recherche des cofinanceurs parmi les collectivités territoriales (Région, État) et des partenaires privés tels que l’EuroAirport. Ce dernier est particulièrement impliqué, car une grande partie de la pollution provient des mousses anti-incendie utilisées sur la plateforme aéroportuaire jusqu’en 2017.
Jean-Marc Deichtmann précise que l’objectif est de partager ce coût pour limiter son impact sur les usagers. Ainsi, le tarif de l’eau ne sera pas augmenté en 2024, mais une hausse est envisageable dès 2026 afin d’amortir ces dépenses.
Mesures locales anticipées dans certaines communes
Avant même l’annonce officielle du plan d’action de l’agglomération, deux communes concernées ont pris des mesures préventives par principe de précaution :
- Blotzheim : Depuis environ dix jours, les enfants accueillis dans les structures périscolaires ne consomment plus l’eau du réseau. Des bouteilles d’eau minérale en verre sont fournies pendant les repas à la cantine.
- Saint-Louis : La municipalité a commandé une grande quantité d’eau minérale durant les vacances scolaires. Depuis le début de la semaine, les enfants des crèches consomment cette eau, et le dispositif sera étendu aux accueils périscolaires, voire aux écoles si nécessaire.
Ces deux collectivités continuent à évaluer la situation pour ajuster leurs dispositifs en fonction de l’évolution des annonces préfectorales.