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Soudan : Deux ans après, le sort des victimes de violences sexuelles

by Sara
Soudan : Deux ans après, le sort des victimes de violences sexuelles
Soudan

À Khartoum, « M. M. », une jeune fille de 16 ans, raconte avec une voix tremblante et un léger frisson dans les mains une histoire douloureuse qui marque profondément sa vie. Le 16 février dernier est devenu une date tragique pour elle. Deux membres des Forces de soutien rapide l’ont accusée de cacher une arme dans le quartier d’Est du Nil à Khartoum. Après avoir fouillé sa maison sans rien trouver, ils sont revenus le lendemain en nombre, quatre cette fois.

Ils ont tiré sur le mari de sa tante, emmené son père, puis l’ont conduite elle-même dans une autre zone, la Fiha, sous prétexte d’espionnage. Son père a été blessé par balle. Elle raconte son calvaire en ces termes : « J’ai été enfermée dans une maison à Al-Azhari, au sud de Khartoum, durant un mois et trois jours. Chaque tentative de fuite se soldait par une capture suivie d’agressions en guise de punition. » Elle a subi trois agressions avant de réussir à s’échapper le 22 Ramadan, profitant du départ des gardes lors de l’avancée de l’armée soudanaise. Une voisine l’a aidée à rejoindre sa famille.

Un centre d’aide pour les survivantes

La Dre Lobna Ali Mohammed, présidente de l’organisation nationale « Bet Makli » et responsable du Centre Aman pour les survivantes, explique que leur structure accueille actuellement 35 victimes de violences sexuelles. Douze d’entre elles reçoivent des soins médicaux, un soutien psychologique et social. La Dre Lobna précise que ce sont environ 1 600 femmes qui ont subi des violences sexuelles depuis le début du conflit au Soudan.

Le centre offre des services médicaux, psychologiques, sociaux, juridiques et économiques, ainsi que des séances de thérapie individuelle et de groupe. Les victimes accueillies se répartissent en cinq catégories :

  • Les femmes kidnappées.
  • Celles victimes de viols collectifs.
  • Les femmes forcées à un mariage contraint.
  • Les étudiantes violées.
  • Les collaboratrices forcées, contraintes par les Forces de soutien rapide à coopérer, souvent violées et droguées.

Malgré ces efforts, la Dre Lobna souligne les difficultés financières persistantes et le manque de financement stable. Elle ambitionne de créer quatre centres principaux à travers le pays pour mieux soutenir les survivantes et leur offrir un accompagnement complet.

Un usage délibéré de la violence sexuelle

Sulayma Ishaq, responsable de l’unité de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des enfants, révèle que 1 138 cas de violences sexuelles ont été recensés jusqu’en mars dernier, sans compter les incidents survenus dans le camp de Zamzam et d’autres régions de Khartoum, où les services hospitaliers sont perturbés.

Elle déplore également la faiblesse des démarches judiciaires, freinées par la peur de la stigmatisation sociale. En collaboration avec l’ONU, un cadre de coopération a été renouvelé afin d’empêcher l’impunité des auteurs.

Selon Sulayma, les Forces de soutien rapide utilisent la violence sexuelle comme arme de guerre, avec une stratégie systématique qui inclut :

  • L’esclavage sexuel.
  • Les grossesses forcées.
  • Les mariages forcés.
  • Les enlèvements et la traite des êtres humains.

Ces pratiques ont des répercussions profondes sur les individus et la société dans son ensemble.

Les droits humains au cœur des préoccupations

Mawlana Jumaa Al-Wakeel, président de la Commission nationale des droits de l’homme, souligne que le conflit en cours a causé un grand nombre de victimes parmi les femmes, avec une hausse continue des cas depuis le début de la guerre. Il dénonce notamment les récents événements dans les camps de déplacés de Zamzam et Abu Shouk.

La Commission s’emploie à documenter ces violations pour les porter à la connaissance du public local et international. Elle insiste sur la nécessité de traduire les coupables en justice, tout en assurant un soutien médical et psychologique aux victimes.

En coordination avec des organisations internationales telles que Human Rights Watch, Amnesty International, le Conseil des droits de l’homme à Genève et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, la Commission travaille activement à la sensibilisation et à la protection des droits fondamentaux.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/4/25/%d9%85%d8%b5%d9%8a%d8%b1-%d8%b6%d8%ad%d8%a7%d9%8a%d8%a7-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d9%86%d9%81-%d8%a7%d9%84%d8%ac%d9%86%d8%b3%d9%8a-%d8%a8%d8%b9%d8%af-%d8%b9%d8%a7%d9%85%d9%8a%d9%86-%d8%b9%d9%84%d9%89

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