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Un Américain se laisse mordre par des serpents pour un antivenin universel

by Sara
Un Américain se laisse mordre par des serpents pour un antivenin universel
États-Unis

Mettre en danger sa propre vie pour en sauver des milliers d’autres : c’est le pari audacieux de Tim Friede, un Américain pas comme les autres. Depuis plusieurs années, il s’est volontairement laissé mordre des centaines de fois par des serpents parmi les plus venimeux au monde. Son sang est désormais étudié par des chercheurs dans l’espoir de développer un antivenin universel, plus efficace et protecteur contre diverses espèces venimeuses.

Un sang unique pour un antivenin innovant

Le 2 mai, une étude parue dans la revue scientifique américaine Cell a dévoilé les avancées réalisées grâce au sang exceptionnel de Tim Friede. Peter Kwong, immunologue réputé de l’université Columbia, et son équipe ont identifié deux anticorps capables de neutraliser le venin de nombreux serpents.

Cette découverte ouvre la voie à la création d’un antivenin universel offrant une protection large aux êtres humains, contrairement aux traitements actuels qui ciblent spécifiquement chaque espèce. Une avancée majeure pour la médecine, qui pourrait révolutionner la prise en charge des morsures venimeuses.

Un parcours hors du commun

Autodidacte passionné d’herpétologie, Tim Friede est fasciné depuis longtemps par les reptiles et autres créatures venimeuses. Dès le début des années 2000, il extrait dans sa maison du Wisconsin le venin de scorpions, d’araignées et garde en captivité des dizaines de serpents pour les étudier.

Il commence alors à s’auto-administrer des doses diluées de venin pour développer une immunité, espérant se protéger en cas de morsure accidentelle. Près de vingt ans plus tard, il a injecté plus de 800 doses croissantes issues de serpents mortels tels que cobras, mambas noirs et crotales.

Le mécanisme d’une immunité progressive

Le système immunitaire, exposé aux toxines, produit des anticorps capables de neutraliser les poisons. En cas d’exposition faible, le corps réagit avant d’être submergé. Lors d’une nouvelle exposition au même venin, la réponse est plus rapide et efficace, permettant de tolérer des doses plus élevées.

Grâce à un protocole rigoureux, Tim Friede a résisté à de multiples injections et s’est même laissé mordre à 202 reprises par différentes espèces. Sur sa chaîne YouTube, il partage des vidéos où il se filme se faisant mordre par un Taïpan ou un Mamba noir dans son atelier.

Des risques importants, mais une maîtrise progressive

« Au début, c’était très effrayant », confie Friede à l’agence Associated Press. « Mais plus on le fait, plus on s’améliore, plus on devient calme. » Toutefois, ce parcours n’a pas été sans écueils : une morsure mal placée a nécessité l’amputation partielle d’un doigt. Certaines morsures de cobra l’ont conduit à l’hôpital.

Conscient de l’intérêt scientifique de son cas, il a contacté plusieurs spécialistes pour étudier cette tolérance unique. Peter Kwong, intrigué, a entamé une collaboration qui aboutit aujourd’hui à des résultats prometteurs.

Des recherches encore à leurs débuts

Les travaux publiés restent expérimentaux. Jusqu’à présent, l’antivenin universel n’a été testé que sur des souris. Plusieurs années de recherche seront nécessaires avant d’envisager des essais cliniques sur l’humain.

De plus, si le traitement montre une grande efficacité contre des serpents comme les mambas et cobras, il n’a pas encore démontré son efficacité contre la famille des vipères, qui comprend des espèces très dangereuses comme les crotales.

Un espoir considérable pour la santé mondiale

Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 110 000 personnes meurent chaque année à cause de morsures de serpent. La fabrication actuelle des antivenins est coûteuse, complexe, et limitée à certaines espèces. Ceux-ci sont souvent produits en injectant du venin à des mammifères tels que les chevaux, puis en recueillant leurs anticorps, ce qui peut provoquer des réactions indésirables dues à leur origine non humaine.

Le développement d’un antivenin universel, humain et plus efficace, pourrait considérablement améliorer la prise en charge et sauver des milliers de vies.

Une collaboration pour un futur traitement

Tim Friede travaille aujourd’hui avec Centivax, une entreprise qui soutient la mise au point de ce traitement innovant et a participé au financement de l’étude. Il se réjouit que son engagement personnel puisse un jour contribuer à sauver des vies.

Mais il met en garde fermement ceux qui envisageraient d’imiter sa méthode : « Ne le faites pas. » Une précaution justifiée compte tenu des risques encourus.

source:https://www.liberation.fr/sciences/biologie/en-se-laissant-mordre-200-fois-par-des-serpents-il-pourrait-inspirer-un-antivenin-universel-20250503_NRZK5BJZMJAURPYMCFNKJSPQCY/

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