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Le Grand Théâtre de Genève fait face à des défis financiers importants liés à la rénovation de sa machinerie de scène. Les coûts, initialement estimés, ont nettement augmenté, obligeant le Conseil municipal à examiner deux scénarios financiers pour mener à bien ce projet stratégique.
Un chantier majeur au cœur de la scène genevoise
Les travaux de rénovation du Grand Théâtre, programmés pour débuter en janvier 2026, concernent la machinerie de scène, élément central des mouvements de décors et d’effets scéniques à la place Neuve. Lors d’une séance extraordinaire, le Conseil municipal de Genève a été sollicité pour une rallonge budgétaire afin de financer ce chantier.
En mars 2024, une première enveloppe de 19 millions d’euros (équivalent à 20,5 millions de francs suisses) avait été approuvée, soutenue notamment par 18,5 millions d’euros apportés par la Fondation Hans Wilsdorf et les communes environnantes. Malgré cet effort, ce budget s’avère insuffisant face à la hausse des coûts.
Hausse généralisée des coûts et concurrence réduite
Sami Kanaan, alors responsable de la Culture municipale, a expliqué que plusieurs scènes lyriques européennes rénovaient leurs installations simultanément, ce qui a réduit la concurrence entre les entreprises et fait largement augmenter les devis obtenus. Ainsi, seule une entreprise a répondu à l’appel d’offres avec une proposition nettement supérieure au budget initial.
Les augmentations des coûts énergétiques, de transport et des frais de personnel ont également contribué à cet emballement financier.
Deux options pour la rénovation de la machinerie
Face à cette situation, deux variantes de travaux sont offertes au Conseil municipal, avec des coûts allant de 4,6 millions d’euros à près de 15,5 millions d’euros.
Option 1 : Technologie électromécanique avancée
Cette option, la plus onéreuse, vise à concrétiser le projet initial. Elle prévoit le remplacement de la machinerie hydraulique actuelle par une technologie électromécanique pour déplacer les ponts de scène, situés jusqu’à 13 mètres sous le plateau. Ce dispositif permet des effets spectaculaires comme l’élévation, l’ouverture de trappes et des changements rapides de décors en plein spectacle.
Option 2 : Plancher fixe détrappable manuel
À moindre coût, cette alternative propose de remplacer la machinerie inférieure par un plancher fixe sur deux niveaux, avec un dispositif manuel. Cette solution réduit cependant les possibilités artistiques et techniques sur scène.
Un choix stratégique pour les décennies à venir
Le Conseil administratif privilégie la première option, estimant qu’elle répond mieux aux attentes des équipes de l’opéra, du public et des mécènes. Cette technologie est déjà en place dans des maisons prestigieuses telles que l’Opéra Bastille à Paris ou le Deutsche Oper à Berlin.
Le Conseil met en garde contre un « sentiment de régression » à Genève si cette solution n’était pas retenue, rappelant que cette décision conditionnera l’avenir du Grand Théâtre pour une trentaine d’années.
Réactions et débats au sein du Conseil municipal
Si les élus ont accepté de débattre des deux options en commission avant un vote prévu d’ici la fin 2025, certains expriment leur mécontentement. Maxime Provini, représentant du PLR, déplore un nouveau dépassement de budget après des chantiers précédents, qualifiant cette situation de « stratégie de saucissonnage ».
Omar Azzabi, du parti Vert, critique également ces dépassements répétés d’une institution qui représente 54 millions d’euros de budget pour seulement 3 % du public. Sami Kanaan a indiqué qu’il recherchait des financements privés complémentaires, tandis que le Canton devrait contribuer à hauteur de 7,3 millions d’euros.
Calendrier et perspectives des travaux
La dernière rénovation significative de la machinerie date de 2006 et, curieusement, ce chantier n’avait pas été inclus dans les travaux de rénovation de l’édifice principal de la place Neuve achevés en 2019, qui avaient coûté près de 76 millions d’euros.
Le chantier actuel s’étendra finalement sur 18 mois, contre 12 initialement prévus, en raison d’une réorganisation des appels d’offres. Les travaux devraient se terminer en juillet 2027.
La saison 2026/2027 du Grand Théâtre se déroulera donc en dehors de ses murs, notamment au BFM et au Victoria Hall, où Alain Perroux inaugurera sa direction de l’institution lyrique.