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Face à un régime russe affichant un retour à l’impérialisme et une Amérique incertaine, l’Europe se trouve à un carrefour crucial. Il ne s’agit ni de rejouer les drames du passé, ni de céder à la peur ou à l’escalade, mais de préparer sérieusement sa défense européenne pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires.
Les analogies historiques sous tension
La situation actuelle pousse certains à s’interroger : sommes-nous en 1938, au seuil d’une Seconde Guerre mondiale, ou en 1913, juste avant la Première ? La réponse est non, mais ces comparaisons continuent d’alimenter un débat passionné. D’un côté, ceux qui assimilent Vladimir Poutine à Hitler, parfois avec pertinence, dénoncent la tentation de céder aux exigences russes, comme la perte de la Crimée, de l’Est de l’Ukraine, voire de l’ensemble du pays, pour éviter un conflit majeur. À ce camp s’opposent les partisans d’une diplomatie prudente, soucieux d’éviter la guerre à tout prix, rappelant les leçons de Jaurès sur l’horreur des conflits.
Cette division entre « munichois » et « va-t-en-guerre » réapparaît à chaque menace internationale, souvent confortée par une lecture rétroactive des événements. Pourtant, la situation d’aujourd’hui ne peut être réduite à ces modèles historiques simplistes. La priorité est désormais de prévenir une troisième guerre mondiale ou, le cas échéant, d’être prêts à la gérer.
La menace d’un impérialisme russe renaissant
La Russie, historiquement expansionniste depuis le XVIe siècle, a retrouvé cette ambition sous Vladimir Poutine, qui vise à restaurer l’influence perdue de l’ancien empire soviétique. L’occupation d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud en Géorgie, l’annexion de la Transnistrie en Moldavie, ainsi que la prise de la Crimée et d’autres territoires ukrainiens illustrent cette politique d’irrédentisme.
Le prétexte invoqué repose souvent sur la protection des minorités russophones et des impératifs sécuritaires, ce que certains appellent « l’expansionnisme défensif ». Cette stratégie n’est pas nouvelle : Catherine II écrivait à Voltaire que la Russie garantissait ses frontières en les étendant, un principe suivi par tous les tsars, et désormais par Poutine, dont les motivations personnelles rendent la menace encore plus inquiétante.
L’impératif d’une défense européenne renforcée
La perspective de voir des chars russes dans les grandes capitales européennes comme Paris reste improbable, mais la possibilité d’une incursion en Finlande, dans les États baltes, en Pologne ou en Roumanie ne peut être exclue. Face à cette menace, la protection américaine via l’OTAN n’est plus une garantie absolue, d’où la nécessité pour l’Europe de prendre son destin en main.
Avec une géopolitique en constante évolution, il est crucial d’envisager tous les scénarios, y compris les plus alarmants. Par exemple, un hypothétique accord entre les États-Unis et la Russie pourrait autoriser à ces derniers de consolider leur emprise sur l’Ukraine et des pays voisins, en échange d’une présence américaine renforcée dans l’Arctique ou en Amérique du Nord. Cette expérience de pensée souligne combien la défense européenne doit être autonome et robuste.