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Justice inclusive : « All rise, if able » dans les cours anglaises

by Sara
Justice inclusive : « All rise, if able » dans les cours anglaises
Royaume-Uni

Depuis des siècles, la formule « All rise ! » résonnait dans les salles d’audience en Angleterre et au Pays de Galles, ordonnant à tous de se lever au début des procédures judiciaires. Cependant, cette tradition est désormais remise en question au nom de l’inclusivité, conduisant à une modification controversée. Le célèbre cri d’ordre devient « All rise, if able » (« Levez-vous, si vous le pouvez »), une évolution qui suscite débats et réactions passionnées.

Une tradition judiciaire remise en cause

Historiquement, l’appel « All rise ! » imposait le silence et le respect dès l’entrée du ou des juges dans la salle d’audience. Avocats, témoins et public se levaient, focalisant l’attention sur la procédure à venir. Pourtant, des instructions venues d’une administration centrale anonyme ont jugé que cette formule pouvait offenser les personnes incapables de se tenir debout, notamment les handicapés ou les personnes âgées.

Cette décision entraîne la modification officielle du cri d’ordre dans les cours d’Angleterre et du Pays de Galles, qui devient « All rise, if able ». Deux mots supplémentaires – six lettres – censés favoriser un système judiciaire plus accessible et inclusif.

Réactions politiques et débat sur l’inclusivité

La réforme a immédiatement provoqué des critiques dans le paysage politique britannique. Jack Rankin, député conservateur, a qualifié cette mesure de « signal de vertu inutile » et a suggéré que le temps investi dans ce changement aurait mieux servi à réduire le retard des procès accumulé depuis la pandémie de Covid-19. Richard Tice, vice-président de Reform UK, a dénoncé la destruction d’une tradition au nom du « wokisme ».

Nick Goodwin, fonctionnaire à la tête du service des tribunaux royaux et administratifs, a défendu ce changement en expliquant qu’il permettrait à tous d’accéder aux procédures judiciaires, renforçant ainsi l’inclusivité et l’accessibilité du système judiciaire.

La politique du langage et ses limites

La modification du cri d’ordre illustre la montée des débats sur la langue et sa capacité supposée à refléter des changements culturels profonds. Ce phénomène, parfois porté par des bureaucrates, peut sembler déconnecté de la réalité quotidienne.

Par exemple, le Service national de santé (NHS) a suscité la controverse en désignant dans une annonce d’emploi les femmes enceintes sous le terme « birthing people » (« personnes en train d’accoucher ») pour inclure les personnes transgenres. Ce choix lexical a été largement perçu comme absurde et a provoqué des moqueries et critiques, y compris de la part des femmes qui y voyaient une tentative d’effacement de leur identité.

Dans le même esprit, le maire de Londres, Sadiq Khan, a engagé un projet de renommage des lignes du métro Overground, pour un montant de 7,5 millions d’euros, en hommage à diverses communautés comme les immigrants de la Windrush, les travailleurs du textile ou encore l’équipe féminine anglaise de football.

Vue extérieure des Royal Courts of Justice

Une stratégie politique subtile

Les actions de Sadiq Khan visaient à montrer une ouverture aux groupes historiquement marginalisés, rendant toute critique difficile sans paraître insensible. Cette posture a été comparée à celle de Donald Trump, qui avait renommé le Golfe du Mexique en « Gulf of America ».

Ce type de démarche peut piéger ses détracteurs, qui risquent de paraître réactionnaires ou obtus. Le débat sur « All rise, if able » suit une logique similaire, où ceux qui critiquent la réforme sont perçus comme des râleurs ou des conservateurs bornés.

Polémique et contestations autour de l’évolution linguistique

La montée des revendications pour un langage plus inclusif s’étend au-delà de la justice. Par exemple, les employés du Parlement britannique ont reçu des consignes d’éviter des expressions telles que « ladies and gentlemen », « manpower » ou « guys », jugées potentiellement offensantes par certains groupes.

À l’Université d’Oxford, le latin cérémonial doit désormais omettre les termes masculins comme « magistri » et « domini » afin de mieux représenter les diplômés non binaires, ce qui suscite des interrogations sur l’impact réel de ces changements.

Université d'Oxford

Une société divisée par la langue et l’identité

Ces évolutions interrogent sur le rôle des institutions et des groupes militants dans l’imposition de nouveaux codes linguistiques, parfois au prix d’une incompréhension ou d’une exaspération de la population générale. Certains y voient une forme d’instrumentalisation du langage pour asseoir une forme de pouvoir symbolique, capable d’irriter une partie de la population tout en dissuadant les critiques par la peur de l’exclusion sociale.

Dans ce contexte, la modification de « All rise » en « All rise, if able » devient plus qu’une simple question de mots : elle reflète une société en pleine tension sur les notions de respect, de tradition, d’inclusivité et de pouvoir.

Les limites de la langue inclusive

Certains observateurs estiment que ces ajustements linguistiques sont des réponses excessives à des offenses parfois imaginaires ou exagérées. La Gazette de la Law Society, publication juridique reconnue, a même douté que l’expression « All rise » ait jamais empêché l’accès aux tribunaux ou crée une réelle exclusion.

Par ailleurs, des termes traditionnels comme « batsman » au cricket ont été remplacés par des mots plus neutres tels que « batter », un changement qui a suscité des critiques pour son manque de naturel et son caractère artificiel.

Ces débats soulèvent la question de la sincérité et de la rationalité des revendications, ainsi que de leur impact réel sur les pratiques sociales et culturelles.

Vers une justice plus inclusive, mais à quel prix ?

L’introduction du « All rise, if able » illustre les défis auxquels est confrontée la société britannique dans son effort pour conjuguer tradition et modernité. Si l’objectif d’inclure davantage les personnes handicapées ou âgées dans le cadre judiciaire est louable, la manière dont ces changements sont imposés suscite des résistances.

La politisation et la médiatisation de ces modifications alimentent un climat de méfiance, où chaque évolution lexicale devient un terrain de bataille idéologique. La justice, censée incarner l’égalité et le respect, se retrouve paradoxalement au cœur d’une controverse sur la langue et les symboles.

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source:https://www.dailymail.co.uk/debate/article-14699011/QUENTIN-LETTS-attack-language-grievance-seekers-chest-feeders-birth-people.html?ns_mchannel=rss&ns_campaign=1490&ito=1490

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