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Crise alimentaire à Gaza : plus de 65 000 enfants en danger
À Gaza, la spécialiste en nutrition Suzanne Marouf s’occupe d’examiner des dizaines d’enfants admis à l’hôpital Amis du Patient, suspectés de souffrir de complications liées à la malnutrition. Ces enfants présentent des signes évidents de maigreur et de perte de poids. Depuis début mars, Israël interdit l’entrée de nourriture et de médicaments dans la bande de Gaza.
Les parents attendent patiemment dans une longue file d’attente pour vérifier la santé de leurs enfants, gravement affectée par l’absence d’aliments sains. Les marchés manquent cruellement de fruits, légumes, viandes et produits laitiers. Parallèlement, des organisations locales et internationales spécialisées dans la protection de l’enfance tirent la sonnette d’alarme face à une catastrophe imminente qui menace plus de 70 000 enfants à Gaza.
Sur les tables d’examen, les corps des enfants de moins de cinq ans apparaissent extrêmement maigres. Certains sont tellement affaiblis que leurs jambes ne peuvent plus les porter.
Le mal et ses complications
Selon Suzanne Marouf, la fermeture des points de passage par l’occupation israélienne a aggravé les signes de malnutrition chez les enfants. Le nombre de patients fréquentant le service spécialisé, ouvert en juin dernier, n’a cessé d’augmenter. Ce service suit les enfants victimes de privations alimentaires.
Elle souligne que de nombreux cas ont évolué d’une malnutrition légère à modérée, voire sévère. Ces enfants souffrent d’une perte de poids extrême, d’une faiblesse motrice, de maigreur corporelle, d’un teint jaunâtre et de cassures des ongles.
Suzanne tente de fournir aux enfants les rares compléments alimentaires disponibles à l’hôpital, après l’épuisement des biscuits énergétiques et l’approche de la rupture du stock de lait utilisé dans les traitements, ce qui complique considérablement son travail.
Elle explique que l’absence de nourriture saine et de traitements adaptés retarde la guérison des enfants malnutris. La malnutrition a augmenté de plus de 10 % dans les derniers jours. Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement vulnérables, car cette période est cruciale pour leur croissance. Le manque de vitamines et de protéines freine leur développement normal.
La spécialiste avertit que la poursuite de la fermeture des points d’entrée aggraverait la santé des enfants, favoriserait la propagation rapide des maladies et augmenterait le taux de malnutrition.
Une tentative de sauvetage
Dans le service pédiatrique de l’hôpital, de jeunes corps amaigris reçoivent des soins destinés à restaurer leur santé.
La mère de Soham, une fillette d’un an qui a été transférée de plusieurs hôpitaux en quête de soins, raconte : « Deux mois après sa naissance, son état a commencé à se détériorer. Les médecins ont décidé de la surveiller à l’hôpital à cause de la gravité de sa situation. »
Le teint jaune de la petite est visible sur son visage pâle. Elle refuse toute nourriture industrielle, déjà rare dans les magasins, ce qui la maintient endormie pendant de longues heures, privée d’une alimentation saine nécessaire à sa guérison.
À côté, la fillette Salam, âgée de 7 ans, montre des signes évidents de maladie. Elle ne peut plus marcher, ses pieds sont enflés et elle est épuisée. Les médecins ont diagnostiqué une carence en protéines et ont commencé un traitement avec des compléments nutritionnels pour l’aider à reprendre du poids.
Le personnel médical veille à administrer régulièrement le traitement à Salam pour contrer la sévère perte de poids qui affecte sa force dans les membres.
Un arrêt de croissance inquiétant
Le pédiatre Mohammed Abu Chamla explique que la cause principale de la malnutrition est le déficit calorique chez les enfants, dû à la rareté de la nourriture disponible à Gaza.
Il exprime son inquiétude quant à l’avenir des enfants de moins de cinq ans, car la malnutrition nuit à leur croissance et peut entraîner des maladies chroniques à l’âge adulte.
Les services de lutte contre la malnutrition dans les hôpitaux de Gaza suivent les normes de l’Organisation mondiale de la santé, en mesurant le poids, la taille et la circonférence du bras des enfants. Ceux nécessitant une prise en charge sont suivis sur le terrain ou hospitalisés en cas de malnutrition sévère.
Le docteur Abu Chamla confirme la propagation de la malnutrition dans toutes les tranches d’âge, liée au manque de ressources alimentaires. Il met en garde contre une aggravation si la fermeture des points de passage persiste, ce qui fragiliserait davantage le système immunitaire des enfants.
Il souligne également la pénurie des compléments alimentaires, qui remplacent les fruits, légumes et autres aliments sains. Les médicaments manquent dans tous les hôpitaux, freinant la guérison des patients. Il avertit que cette situation pourrait entraîner la mort de plus d’enfants si elle continue.
En attente d’une issue fatale
Selon les dernières statistiques officielles à Gaza, 65 000 enfants risquent la mort à cause de la malnutrition. Le ministère de la Santé a précédemment annoncé que 57 enfants sont déjà décédés pour cette raison.
Un rapport conjoint du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM) met en garde contre une catastrophe imminente. Plus de 71 000 enfants et 17 000 mères sont menacés par la malnutrition et ont besoin d’un traitement urgent.
Le rapport révèle que 470 000 personnes à Gaza souffrent de la faim, avec une insécurité alimentaire extrême touchant toute la population.
Les deux organisations internationales appellent toutes les parties à répondre aux besoins des civils, à autoriser immédiatement l’entrée des aides humanitaires et à respecter leurs obligations selon le droit international humanitaire.