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Fermée depuis plus de cinq mois à cause de son occupation par des jeunes migrants, la Gaîté lyrique de Paris fait face à une crise majeure avec 3 millions d’euros de pertes d’exploitation. Malgré son rôle essentiel dans la vie culturelle parisienne et une subvention annuelle couvrant 30 % de son budget, la Ville de Paris a annoncé qu’elle ne participerait pas au redressement financier de ce lieu emblématique.
Une fermeture prolongée et des pertes conséquentes
Occupée depuis le 10 décembre dernier par environ 400 jeunes migrants, la Gaîté lyrique, située dans le IIIe arrondissement, a subi une occupation d’une durée de 100 jours avant une évacuation forcée le 18 mars. Depuis cette date, l’établissement culturel est resté fermé au public, ce qui a engendré une perte d’exploitation estimée à 3 millions d’euros.
La direction a engagé des discussions pour évaluer ces pertes et envisager une réouverture, mais la récente annonce de la Ville de Paris, propriétaire et partenaire à hauteur de 30 %, a bouleversé ces plans. En effet, la municipalité refuse désormais de participer au redressement économique du lieu.
La Gaîté lyrique met en demeure la Ville de Paris
Face à cette décision qualifiée de « volte-face incompréhensible », la direction de la Gaîté lyrique a publié un communiqué de presse de quatre pages pour dénoncer cette position et alerter sur la survie de la structure, qui emploie 60 salariés. Elle a également mis en demeure la Ville afin de poursuivre les négociations concernant une indemnisation.
Juliette Donadieu, directrice de la Gaîté lyrique, déclare : « Nous venons d’apprendre qu’il n’y aurait aucun accompagnement de la Ville. Nous sommes sous le choc après toutes les déclarations de soutien, y compris financières, de la mairie de Paris. Nous ne comprenons pas ce double discours. »
Depuis le début de l’occupation, la Ville s’est trouvée en conflit avec l’État pour trouver une solution d’hébergement aux jeunes migrants déboutés, tout en saluant l’engagement des équipes du lieu culturel.
Une subvention insuffisante face aux pertes exceptionnelles
La Ville de Paris a versé la subvention annuelle de plus de 3 millions d’euros prévue dans le cadre du contrat de concession. Cependant, cette somme reste insuffisante pour compenser les pertes, car la Gaîté lyrique tire 70 % de son budget de ses propres recettes, souligne Juliette Donadieu.
Contactée, la municipalité a précisé avoir versé récemment un solde de 1,346 million d’euros, portant le total à 3,346 millions d’euros pour 2025. La Ville assure que ce versement témoigne de son attachement à la Gaîté lyrique et permettra de lancer la réouverture du lieu culturel, tout en maintenant un dialogue avec la direction.
Une lutte pour sauver le projet culturel
Durant l’occupation, la direction des affaires culturelles assurait un suivi quotidien, et les équipes de la Gaîté lyrique continuaient à gérer le lieu, notamment en fournissant un service de sécurité. Après 80 jours d’occupation, le 26 février, les équipes ont remis les clés à la Ville, estimant ne plus pouvoir assurer la gestion et l’entretien du bâtiment.
Plusieurs partenaires associés, comme Arty Farty, Arte, makesense, SINGA et Actes Sud, condamnent ce manquement de la Ville et annoncent des initiatives pour empêcher la fermeture définitive de la Gaîté lyrique.
Juliette Donadieu conclut avec détermination : « On ne se résigne pas à fermer, on va se battre ! Notre démarche est collective. Nous cherchons des solutions avec le ministère de la Culture et nos partenaires pour sauver l’entreprise, le projet culturel et préserver un maximum d’emplois. »