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Ce lundi 16 juin, le procès de Yassine El Azizi s’ouvre devant la Cour d’assises du Lot-et-Garonne. Durant huit jours, il sera jugé pour avoir mortellement fauché, le 4 juillet 2020, Mélanie Lemée, une gendarme de 25 ans. S’il assume son acte, l’accusé réfute toute volonté de blesser la gendarme.
Les faits de la tragédie
Il est environ 21h ce samedi 4 juillet 2020. À Colayrac-Saint-Cirq, en Lot-et-Garonne, les gendarmes tentent d’interpeller un conducteur lors d’un contrôle routier. L’homme leur échappe et s’engage alors dans une course-poursuite de 22 kilomètres jusqu’à Port-Sainte-Marie.
Dans les derniers mètres, Mélanie Lemée lance une herse pour stopper le véhicule. Elle n’aura jamais le temps de se reculer : lancé à 150 km/h, la voiture fauche la jeune gendarme et la tue sur le coup. Au volant, Yassine El Azizi, 27 ans, poursuit sa course sur quelques mètres avant de tenter de s’enfuir à pied. Il sera interpellé à 21h30.
Les enjeux du procès
Initialement mis en examen pour meurtre, Yassine Azizi comparaîtra finalement pour violence volontaire ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, sur une personne dépositaire de l’autorité publique. “C’est le point crucial de ce dossier”, souligne Me Edouard Martial, son avocat. “On s’est battu pour cela et la chambre d’instruction a décidé que ce n’était pas un meurtrier. C’est très important que cette étiquette lui soit enlevée.”
Pour l’avocat de la famille de Mélanie Lemée, Me Philippe Bellandi, le dossier est “simple” : “C’est un acte conscient et volontaire, c’est un crime. Même s’il n’a en effet pas voulu la tuer, ses actes sont déterminés, notamment sur ces derniers mètres où il entre dans une zone de gendarmerie, lancé à plus de 150 km/h.”
La question centrale : Yassine El Azizi a-t-il vu Mélanie Lemée ?
Ce questionnement va concentrer les débats durant le procès. Les avocats de la défense affirment que leur client ne voit pas la gendarme. “Il va faire une manœuvre pour éviter les herses, pas pour foncer sur Mélanie Lemée”, répète Me Edouard Martial, s’appuyant sur un rapport de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) qui affirme ne pas avoir été “en mesure de positionner le personnel de gendarmerie touché” sur une vidéo de la scène.
Me Philippe Bellandi, représentant les parents de Mélanie, rappelle que l’accusé est entré dans une zone de gendarmerie où se trouvaient plusieurs gendarmes, avec une voiture à feux et gyrophare allumés. “Elle n’a pas surgi de derrière le véhicule. Elle se trouvait sur l’axe médian, tente de jeter la herse et de se replier vers le véhicule mais elle n’en aura pas le temps.”
Le parcours de Yassine El Azizi
Le 4 juillet 2020, Yassine El Azizi se rendait au Cap d’Agde, conduisant une voiture prêtée par la mère d’un ami. “Il conduisait sans permis, à 100 km/h dans des zones à 30 km/h, sous l’empire de la cocaïne dont il transportait un sachet de 159g”, indique Me Bellandi, précisant que l’accusé avait déjà été condamné pour trafic de stupéfiants.
Ce dernier a provoqué 52 infractions sur les 22 km de course-poursuite, mettant de nombreuses vies en danger avant d’être interpellé après une panne de son véhicule.
Une justice tardive mais attendue
Après cinq ans d’attente, les parties espèrent enfin comprendre les circonstances de ce drame. Yassine El Azizi, en détention provisoire durant trois ans, se présente désormais comme un homme différent, exprimant des regrets. “Il sait qu’il a eu un comportement inadmissible”, déclare son avocat.
Les avocats de Yassine partagent également leurs inquiétudes concernant la perception de leur client dans un contexte médiatique chargé, espérant que la justice ne sera pas influencée par l’opinion publique.
Les expertises au cœur de la procédure
Les deux parties se sont appuyées sur de nombreuses expertises durant la procédure. Un rapport de 250 pages, fruit d’une contre-expertise, examine en détail le comportement de l’accusé et les circonstances de l’accident.
Me Philippe Bellandi souligne que bien que la justice ait été longue, elle n’a pas oublié Mélanie Lemée.