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Environ 140 000 personnes, selon un organisme indépendant, ont manifesté samedi en Serbie pour réclamer des législatives anticipées, maintenant la pression sur le gouvernement après plus de sept mois d’un mouvement de contestation mené par les étudiants qui secoue tout le pays.
Une foule déterminée à Belgrade
Les manifestants ont scandé « Nous voulons des élections! » alors qu’ils envahissaient la plus grande place de la capitale, Belgrade, à partir de 18H00 (16H00 GMT), portant des drapeaux serbes et des banderoles avec les noms de villes et villages de Serbie. Des journalistes de l’AFP ont constaté la présence d’une foule considérable dans le cortège.
Des tensions entre manifestants et forces de l’ordre
En fin de soirée, des heurts ont éclaté entre des groupes de manifestants, certains portant des fumigènes, et les forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes. Ces incidents sont rares dans le cadre de ce mouvement.
Alors que la police a estimé à 36 000 le nombre de participants, plusieurs images aériennes et témoins rapportent une foule beaucoup plus importante. Stefan Ivakovic, un étudiant en droit, a déclaré : « Nous démontrons une fois de plus que nous ne nous arrêterons pas. Nous nous mobiliserons aussi longtemps qu’il le faudra jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites. »
Un mouvement né d’une tragédie
Ce mouvement de contestation a émergé après l’effondrement, le 1er novembre 2024, d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad, qui a causé la mort de 16 personnes, dont deux enfants. Les étudiants, frustrés par l’inaction du gouvernement face à cette tragédie, ont formulé plusieurs revendications, notamment une enquête indépendante et des élections anticipées.
Bien que le mouvement ait semblé perdre de l’élan après une grande manifestation en mars, les étudiants espèrent que cette nouvelle démonstration renforcera leur cause. Ils ont récemment adressé deux demandes au président : la dissolution du Parlement et le départ de ses partisans campant devant la présidence depuis le 12 avril.
Réactions et ultimatums
Selon l’ultimatum des étudiants, le président Aleksandar Vucic avait jusqu’à samedi 21H00 (19H00 GMT) pour répondre à leurs demandes. Le délai étant expiré, les étudiants ont déclaré : « Peuple de Serbie! Le temps est écoulé, mais pas pour nous. Cette lutte n’est pas seulement celle des étudiants. Aujourd’hui, nous exigeons tous des élections. »
Dans un message posté sur Instagram, les étudiants ont rejeté toute responsabilité de radicalisation sur les autorités, affirmant qu’elles avaient choisi la violence plutôt que de répondre à leurs revendications.
Des arrestations et des tensions persistantes
Prévenant d’une potentielle violence, M. Vucic avait déclaré qu’il s’attendait à des troubles à la fin de la manifestation. Malgré un historique pacifique des rassemblements, les étudiants ont évoqué une possible « radicalisation » si leurs demandes n’étaient pas satisfaites.
Le président a rejeté les revendications des manifestants, les accusant d’être à la solde de « puissances étrangères ». Des arrestations ont été effectuées, avec plus de dix personnes arrêtées ces derniers jours, et au moins deux manifestants auraient été appréhendés samedi soir.