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L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé vendredi avoir enregistré le nombre le plus élevé de cas de malnutrition aiguë jamais constaté depuis le début de ses activités à Gaza. Cette situation alarmante souligne l’urgence d’un approvisionnement durable et rapide en nourriture et en fournitures médicales dans ce territoire ravagé.
Une crise humanitaire sans précédent
MSF rapporte que plus de 700 femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’environ 500 enfants souffrent de malnutrition aiguë ou modérée dans ses centres de nutrition thérapeutique ambulatoire à Gaza. Cette explosion des cas survient dans un contexte de graves difficultés d’accès à la nourriture et aux soins.
Mohammed Abou Maghessib, coordinateur médical adjoint de MSF à Gaza, a déclaré : « C’est la première fois que nous observons un tel nombre de cas de malnutrition dans la bande de Gaza ». Il a ajouté que cette situation résulte d’une privation délibérée, qui pourrait cesser si les autorités israéliennes autorisaient un flux élargi d’aliments.
La faim comme arme délibérée
Selon MSF, la malnutrition est la conséquence directe d’un choix politique conscient. Les restrictions imposées par Israël sur l’entrée des denrées alimentaires, la gestion stricte des distributions et la destruction quasi-totale des capacités locales de production agricole contribuent à cette catastrophe sanitaire.
Par ailleurs, l’effondrement des infrastructures, notamment dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, ainsi que les limitations sur le carburant affectent gravement la qualité de vie et la santé publique. Les conditions insalubres dans les camps surpeuplés fragilisent davantage les populations vulnérables.
Les femmes et les enfants en première ligne
La docteure Joan Berry, membre de MSF, précise que la malnutrition diffuse chez les femmes enceintes, combinée aux problèmes d’eau et d’assainissement, entraîne une forte augmentation des naissances prématurées. L’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital Al-Hilal est surchargée, avec souvent 4 à 5 nouveau-nés partageant une seule couveuse.
Elle témoigne : « Lors de mes trois missions à Gaza, je n’ai jamais vu une telle détresse. Les mères me supplient de leur donner de la nourriture pour leurs enfants. Certaines femmes enceintes, au sixième mois, pèsent moins de 40 kilogrammes. La situation est au-delà de la crise. »
Appel à une aide humanitaire urgente
MSF réclame l’acheminement immédiat d’une aide humanitaire inconditionnelle, ainsi qu’un approvisionnement régulier et suffisant en nourriture et en soins médicaux. L’organisation insiste sur la nécessité de protéger les civils contre la faim et la négligence intentionnelle.
Depuis la reprise des hostilités à Gaza en mars dernier, plus de 7 300 Palestiniens ont été tués et près de 26 000 blessés, selon les dernières données du Ministère de la Santé local. Parmi les victimes figurent environ 800 personnes affamées ciblées lors d’attaques coordonnées par les forces d’occupation israéliennes et des contractuels de la Fondation Humanitaire de Gaza, une ONG américaine, dans des centres de distribution d’aide devenus de véritables « pièges mortels » selon des responsables onusiens.
Cette crise dramatique intervient alors qu’Israël continue, avec le soutien des États-Unis, une campagne qualifiée de génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Plus de 195 000 Palestiniens sont morts ou ont été blessés, dont une majorité d’enfants et de femmes, tandis que des milliers restent portés disparus et des centaines de milliers sont déplacés.