Table of Contents
Mon séjour en Tunisie m’a permis de constater un fait marquant : de nombreuses avenues et places portent le nom de 14-Janvier 2011, célébrant la fuite du dictateur Ben Ali après 23 ans de règne. Cette période a marqué le début de ce qu’on appelle aujourd’hui le « printemps arabe ». Une question souvent posée au cours de ce voyage, mais à laquelle il est difficile de répondre, est : qu’est-ce qui pousse un peuple à se soulever lorsque le ras-le-bol s’installe ?
L’humiliation collective comme déclencheur
Un des éléments clés de la révolte semble être l’expérience d’humiliation collective, illustrée par la défense de la dignité humaine. Contrairement à la simple « colère contre l’injustice », souvent trop abstraite pour fédérer une majorité, l’humiliation touche à notre instinct de survie et attaque notre identité en tant qu’individus.
Le cas de Mohamed Bouazizi
En Tunisie, Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur de légumes ambulant de 26 ans, est devenu le symbole de cette humiliation collective. En décembre 2010, il est arrêté pour absence de permis de vente, et sa marchandise est confisquée, compromettant sa capacité à subvenir aux besoins de sa famille. Face à l’indifférence des autorités, il s’immole, et son geste tragique résonne avec la jeunesse des classes populaires, qui s’identifie à sa souffrance.
Les mouvements féministes en Occident
En Occident, les mouvements féministes ont également su utiliser le vocabulaire de l’humiliation. Le slogan « Il est temps que la honte change de camp » a été largement répété, notamment dans le cadre du mouvement #MeToo. Les attentes sociales et les normes ont évolué, mais il reste essentiel de souligner que les femmes représentent 50 % de la population, et leur voix ne peut être ignorée.
Un jeu dangereux pour les puissants
Les inégalités croissantes entre les riches et les pauvres créent un climat propice à la révolte. Les milliardaires exercent une influence politique croissante pendant que les droits des travailleurs sont remis en question. Les concessions sociales du XXe siècle, telles que la semaine de cinq jours ou le droit de grève, sont menacées. En négligeant ces acquis, les élites risquent de réveiller un mécontentement populaire.
La situation à Gaza
La situation à Gaza illustre également l’humiliation vécue par des populations entières. Les récentes actions des gouvernements israélien et américain, notamment contre l’UNRWA, exacerbent cette crise humanitaire. Les habitants sont confrontés à un choix inacceptable : mourir de faim ou risquer leur vie en cherchant de la nourriture. Cette dynamique montre comment l’humiliation est utilisée comme un instrument de contrôle politique.
Réactions internationales et conscience mondiale
Plus d’une vingtaine de pays, y compris le Canada, ont exprimé leur indignation face à cette situation, mais sans mesures concrètes. La lenteur des réactions face à l’humiliation subie par le peuple palestinien pourrait provoquer une prise de conscience au sein des populations du Sud global, rappelant les luttes historiques contre le colonialisme et l’oppression.
Un message pour les dirigeants
Les dirigeants du monde doivent prendre conscience de la gravité de ces situations. Les souffrances d’enfants affamés ne peuvent être ignorées, et la mémoire collective n’efface pas facilement les actions passées. En créole haïtien, on dit : kreyon pèp la pa gen gonm, ce qui signifie que le crayon du peuple n’a pas de gomme à effacer.