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L’IA dans l’éducation : entre défi et opportunités pour les profs

by Sara
L'IA dans l'éducation : entre défi et opportunités pour les profs
France

Alors que les enseignants se sentent souvent peu formés sur l’intelligence artificielle (IA), 36 % d’entre eux en utilisent déjà les outils. Cela soulève des questions quant à leur méthode d’enseignement.

Perceptions et craintes des enseignants

« L’intelligence artificielle ? Je crois que ce sont les mots que j’ai le plus entendus en salle des profs cette année », sourit Marie*, enseignante en sciences et vie de la terre dans un lycée général d’Île-de-France. Bruno Devauchelle, enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers, estime que « 10 % des professeurs sont pro-IA, 20 % fermement opposés et 70 % se situent dans un ventre mou, car ne connaissant pas bien le sujet ».

Malgré cela, 47 % des enseignants interrogés par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) craignent que l’IA ne remplace certains aspects de leur rôle pédagogique, souligne l’institution.

« En toute honnêteté, ma première réaction a été la défiance », confie Gwen, 30 ans. L’enseignante de CM1, qui exerce depuis cinq ans, a commencé à s’interroger sur l’IA en 2023, « lorsque ce sujet a été médiatisé ».

L’utilisation croissante de l’IA

Bruno Devauchelle constate que lors des formations sur l’IA, « les enseignants, souvent frileux aux premiers abords, se montrent intéressés lorsqu’on leur explique les usages qu’ils peuvent faire de ces outils au quotidien ». Bien que le manque de formation et d’accompagnement soit cité comme le principal frein à l’intégration de l’IA dans l’éducation, 36 % des enseignants l’utilisent déjà dans un cadre professionnel.

L’IA, nouvel assistant de cours

Depuis cette année, Marie utilise plusieurs outils spécifiques pour créer et générer des contenus pour ses cours. « En SVT, il y a une vraie plus-value pour les schémas par exemple, cela me permet de créer des dessins qui correspondent au mieux à mon cours », souligne l’enseignante francilienne.

Dans plusieurs académies, des licences pour l’outil Nolej AI ont été financées pour les enseignants, permettant de transformer divers contenus en activités d’apprentissage. Cependant, l’IGESR pointe la question de l’inégalité d’accès à ces outils sur le territoire national.

Marie ajoute : « C’est en tout cas l’usage dont j’entends le plus parler autour de moi. Mais, comme tous mes collègues, je fais un gros travail de vérification pour éviter toutes informations erronées ou mal sourcées. »

Gwen utilise également des outils pour créer ses exercices : « Notamment DictIA pour générer des dictées selon mes propres paramètres, par exemple un texte qui fait écho à un thème travaillé en histoire ou en sciences. »

Défis liés à l’accès et à l’égalité

Une majorité d’enseignants (52 %) estiment que l’IA peut les aider à personnaliser l’enseignement selon les besoins des élèves. Néanmoins, Gwen souligne les défis matériels : « Dans mon école, il n’y a pas assez d’ordinateurs pour chaque élève, alors comment les faire travailler sur cette application ? »

Elle insiste sur l’importance de la dimension humaine dans l’apprentissage, surtout pour les jeunes enfants.

Les préoccupations concernant la triche

Outre l’enseignement, l’IA pourrait alléger le fardeau des corrections de copies. « Quand on y pense, ce serait un peu le rêve. Mais cela me semblerait bizarre de corriger les copies du bac via une IA », sourit Marie.

Concernant l’évaluation, les enseignants qui utilisent l’IA se limitent à des tâches ponctuelles comme les QCM ou les dictées. Peu l’emploient pour corriger des travaux écrits, qui nécessitent une analyse plus poussée.

Pour Marie, parler d’IA et d’évaluation amène à se poser la question de l’authenticité des devoirs : « Parmi les professeurs, on aborde avant tout l’IA par la triche », souligne-t-elle.

Évolution des pratiques pédagogiques

Cette évolution dans l’évaluation concerne non seulement Marie. Bruno Devauchelle note « une émergence du travail oral pour vérifier que les élèves ont bien lu et compris ». Il ajoute : « L’IA remet en cause la légitimité de l’enseignant. Il faut donc que celui-ci fasse évoluer ses pratiques, passant d’une posture de pouvoir à une posture d’accompagnement ».

Marie a adapté ses méthodes en donnant à ses élèves des sujets à préparer, les encourageant à utiliser l’IA, mais en vérifiant leur compréhension lors des présentations orales.

« En tant que prof, on a survécu à l’IA. On survivra à Chat GPT », rigole Gwen.

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