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Le film _Gangs of Taïwan_, réalisé par Keff, plonge le spectateur dans les méandres d’une jeunesse perdue à Taipei, à travers une esthétique stylisée qui ne manque pas d’intensité. Ce premier long-métrage taïwanais, bien que marqué par des influences notables, cherche à explorer les réalités sombres de la vie urbaine contemporaine.
Un récit complexe au cœur de Taipei
Été 2019, la ville de Taipei vit au rythme des événements politiques qui secouent la région, alors que des manifestations antigouvernementales font rage à Hong Kong. Dans ce contexte, le personnage principal, Zhong-Han, un jeune homme dans la vingtaine, jongle entre sa vie de plongeur dans un restaurant familial le jour et celle de membre d’un gang la nuit. Il évolue dans un monde de criminalité, sous l’emprise d’un truand local, ce qui l’entraîne dans un cycle d’extorsions et de braquages.
Une esthétique néo-noir captivante
Le film s’installe dans un univers néo-noir, inspiré par des cinéastes comme Michael Mann et Nicolas Winding Refn. L’atmosphère est empreinte de néons et de poses stylisées, créant une ambiance visuelle qui capte l’œil. Malgré quelques moments de mélancolie qui laissent transparaître un sentiment de tristesse au sein de la ville, _Gangs of Taïwan_ peine à s’affranchir de ses influences, ne parvenant pas à créer une image véritablement originale.
Les limites d’une intrigue complexe
Keff déploie une mise en scène soignée, mais cette sophistication peut parfois se retourner contre le film, le rendant figé et distant. Bien que le récit aborde des thématiques sociales pertinentes, telles que les fractures générationnelles et la précarité, il se perd dans un enchevêtrement d’intrigues secondaires. Cela nuit à la fluidité du récit et alourdit le rythme, amenant à une présentation de la jeunesse comme silencieuse et désillusionnée, dont l’angoisse ne fait que s’effleurer.
Un regard sur la jeunesse contemporaine
Avec une esthétique trop maîtrisée, _Gangs of Taïwan_ semble parfois oublier d’interroger la réalité qui l’entoure. Ce que le film aurait pu explorer, tel que l’étrangeté et la beauté des errances adolescentes, tend à se dissoudre sous le poids d’une surface trop embellie. Ainsi, il interpelle sur les défis auxquels fait face une partie de la jeunesse taïwanaise, tout en laissant un goût d’inachevé.
Gangs of Taïwan de Keff avec Wei Chen Liu, Rimong Ihwar, Devin Pan – Au cinéma le 30 juillet.