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Le Royaume-Uni a annoncé mardi qu’il reconnaîtrait un État palestinien si Israël ne parvenait pas à établir un cessez-le-feu dans la bande de Gaza d’ici septembre prochain. Cette déclaration du Premier ministre Keir Starmer fait suite à celle de la France, qui a exprimé sa volonté de reconnaître officiellement l’État de Palestine la semaine dernière. Selon les analystes, ces deux annonces reflètent la frustration croissante des deux nations face à la conduite de la guerre à Gaza, qui a causé des dizaines de milliers de morts palestiniens et plongé environ 2 millions de personnes dans un état de dénuement extrême.
Contexte des annonces
Ces déclarations interviennent également en réponse aux actions militaires d’Israël en Cisjordanie occupée. Cette année, les opérations israéliennes ont entraîné le déplacement massif de Palestiniens, l’extension des projets de colonisation, et une intensification des violences perpétrées par des colons contre des Palestiniens depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Cet assaut a causé environ 1 200 morts et a résulté en l’enlèvement d’environ 250 otages, emmenés à Gaza. Ces annonces soulèvent des interrogations sur la signification et les implications d’une telle reconnaissance.
Définition et reconnaissance d’un État
Les critères définissant un État ont été établis dans un traité international en 1933. Ils incluent : une population permanente, un territoire délimité, un gouvernement, et la capacité d’interagir avec d’autres États. La reconnaissance est l’acte officiel qui constate qu’un État potentiel remplit ces conditions, même si certaines, comme les frontières, sont contestées. « L’interprétation est essentielle », souligne Zinaida Miller, professeure de droit à la Northeastern University.
De nombreux experts en droit international estiment que les critères pour reconnaître un État palestinien sont remplis. Il existe une population permanente et un territoire, bien que les frontières soient contestées, elles sont généralement considérées comme celles des territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967.
Conséquences de la reconnaissance
La reconnaissance de l’État palestinien pourrait fournir un fondement pour une révision complète des relations bilatérales avec Israël. Ardi Imseis, professeur de droit, explique qu’un pays reconnaissant la Palestine devrait réévaluer ses accords avec Israël pour s’assurer qu’ils respectent ses obligations envers l’État palestinien.
- Une reconnaissance pourrait conduire à l’annulation d’accords commerciaux qui nuisent aux droits de l’État palestinien.
- Elle fournirait une base juridique pour permettre à la société civile et aux parlementaires d’exercer une pression pour modifier les politiques.
Les experts rappellent qu’un avis de la Cour internationale de Justice a conclu que l’occupation israélienne des territoires palestiniens violait l’interdiction de l’acquisition de territoires par la force.
Situation à l’ONU
Actuellement, 147 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent déjà l’État de Palestine. La France et le Royaume-Uni rejoindraient ce groupe, renforçant ainsi la position de la majorité des nations à l’ONU. Leur soutien pourrait envoyer un message politique fort tout en ayant des implications pratiques, notamment en rejoignant la Chine et la Russie dans la reconnaissance d’un État palestinien.
L’État de Palestine détient un statut d’observateur à l’ONU, qui ne devrait pas changer tant que les États-Unis s’opposent à son adhésion en tant que membre à part entière.
Objectifs de la reconnaissance
Cette initiative vise à soutenir un effort politique et diplomatique pour une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. Paul Reichler affirme que « la seule solution est celle des deux États », un principe établi par le droit international et soutenu par des résolutions de l’ONU.
Alors que des pays comme la Norvège avaient précédemment retardé la reconnaissance d’un État palestinien, l’indignation croissante face à la politique israélienne pousse certaines nations à opter pour la reconnaissance, espérant relancer le processus de paix.
Réaction du gouvernement israélien
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré que la création d’un État palestinien menacerait la sécurité d’Israël et a rejeté cette idée, notamment depuis le début de la guerre à Gaza. Sa coalition gouvernementale inclut des membres d’extrême droite, opposés à la création d’un État palestinien. Dans une déclaration, Netanyahou a affirmé que l’annonce britannique « récompense le terrorisme du Hamas et punit ses victimes ».