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L’IA et la Techno : Quand l’Art Rencontre la Machine

by Sara
L'IA et la Techno : Quand l'Art Rencontre la Machine
France

Début 2025, Deezer a révélé que 18 % des morceaux mis en ligne sur sa plateforme étaient générés par l’intelligence artificielle. Ce chiffre, en constante progression, alimente les débats sur l’avenir de la création musicale. Si de nombreux artistes redoutent une standardisation, la scène techno y voit plutôt une continuité logique. « C’est une musique qui a toujours flirté avec les machines, les marges, l’expérimentation », analyse Valentin Rigal, chargé de booking au sein d’une agence dédiée aux artistes techno. Et d’insister : « C’est un courant qui assume les bugs, l’inhabituel, le dérangeant ».

Une scène innovante avec A5KM

Cette vision est notamment incarnée par le projet scénique de Chloé, alias A5KM, qu’il accompagne depuis un an. Ensemble, ils ont conçu un live inédit en France, où un avatar IA préenregistré cohabite avec la DJ sur scène, dans un face-à-face soigneusement chorégraphié. « On a d’abord testé le dispositif au Dieze, à Montpellier. Puis on a monté une tournée, avec une première grosse date au Delta Festival. Ce qu’on fait, personne ne l’a fait avant, c’est une première mondiale », explique la DJ A5KM.

« Battle entre humain et machine »

Concrètement, l’IA est au centre d’un dispositif scénique minutieusement chorégraphié. « C’est conçu comme une sorte de battle entre humain et machine », précise Valentin Rigal. L’avatar IA, préenregistré, interagit avec la musique. Le tout est orchestré par une équipe humaine : graphiste, développeur, scénographe, régisseur lumière.

Une approche innovante de la production

Cette équipe est dirigée par Béka et Mathis, fondateurs du studio Light House et pionniers de la vidéo générative. Leur approche de l’IA va bien au-delà de l’outil technique. « C’est un générateur d’inattendu qui nous pousse à aller plus loin, à casser les codes, et à moindre coût comparé à une production classique », explique Béka. Travailler avec la techno leur a semblé évident : « Avec l’IA, difficile de produire quelque chose de linéaire ou parfaitement logique. Mais justement, ça correspond à la techno : des boucles libres, des structures ouvertes », poursuit ce dernier.

Cette démarche épouse les valeurs du genre : liberté, dérèglement, répétition, perte de repères… L’esthétique, elle-même, repose sur le dérèglement visuel : « On ne parle pas d’erreurs, mais de happy accidents. Une image nette qui dérape, un bug graphique… Ces accidents deviennent des moments esthétiques à part entière. »

Une « concurrence brutale et sans contrepartie » ?

Tous les artistes ne partagent pas cette approche. Alexandre Cazac, cofondateur du label InFiné, y voit une menace directe. « La techno est instrumentale, répétitive, électronique, donc plus facile à imiter par une machine. Et ce qu’on voit, ce sont des morceaux clonés sans âme. Résultat : nos artistes perdent en visibilité. » En mai, il a co-signé avec 450 artistes une tribune dénonçant une « concurrence brutale et sans contrepartie » des contenus artificiels et appelant à un plan de sauvegarde de la création humaine.

Une vision différente de l’IA

Cette menace, DSPRNC, aka Disperancy, un DJ lyonnais, ne la ressent pas. « Créer, c’est faire des choix, ressentir quelque chose. L’IA, elle, assemble mais ne vit rien ». Pour le jeune homme, « l’IA aujourd’hui, c’est juste une nouvelle matière à façonner ». « Elle n’a pas d’intention, pas de goût, pas d’instinct. Mais elle permet de repousser les limites de la mise en scène, de la narration, de l’image et dans la techno, c’est exactement ce qu’on cherche », conclut Valentin.

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