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Malgré les différends politiques et commerciaux entre la Chine et l’Union européenne, un domaine de coopération remarquable a émergé lors du sommet qui s’est tenu fin juillet à Pékin : celui de l’énergie verte. Cette collaboration se fait notamment au détriment des États-Unis, qui misent aujourd’hui davantage sur leurs réserves de combustibles fossiles.
Les deux parties ont publié une déclaration commune au cours du sommet, s’engageant à accélérer le développement et le déploiement des technologies d’énergie renouvelable. Elles ont également réaffirmé leur soutien à l’Accord de Paris sur le climat, dont l’administration Trump s’était retirée rapidement après son retour à la Maison Blanche.
Une opportunité stratégique pour la Chine et l’Europe
Pour les analystes, cette coopération constitue une chance rare et partagée de laisser une empreinte positive sur le système international. En parallèle, les politiques actuelles des États-Unis affaiblissent leur rôle de leader mondial en matière d’innovation et de technologies climatiques.
En outre, l’Europe gagne en influence face aux États-Unis en affichant une indépendance stratégique et en conservant un approvisionnement bon marché, souvent en provenance de Chine, un élément vital pour sa transition vers l’énergie verte.
La Chine devient ainsi un pilier essentiel pour de nombreuses économies avancées et marchés mondiaux, grâce à ses technologies vertes produites en grande quantité et à prix compétitifs, notamment les panneaux solaires et les véhicules électriques. Pékin a tiré son épingle du jeu face au recul américain, selon plusieurs experts.
Leadership chinois dans les énergies renouvelables
La Chine est rapidement en passe de devenir une puissance majeure dans le domaine des énergies renouvelables, représentant déjà près de 40 % de la capacité mondiale installée dans ce secteur. Jusqu’en 2024, elle a investi 818 milliards de dollars dans les technologies vertes, dépassant le cumul des investissements des États-Unis et de l’Union européenne.
Entre janvier et mai 2025, la Chine a installé suffisamment d’énergie éolienne et solaire pour produire autant d’électricité que l’Indonésie ou la Turquie. Le centre de recherche Ember Energy estime qu’au cours des premiers mois de 2025, la production solaire chinoise a égalé celle de l’ensemble de l’année 2020, témoignant de la vitesse remarquable de son développement dans ce domaine.
Expansion et innovation nucléaires
La Chine intensifie aussi son recours à l’énergie nucléaire. Son objectif est de devenir le premier producteur mondial d’électricité nucléaire d’ici 2030. Actuellement, elle exploite 58 réacteurs nucléaires, tandis que les États-Unis en comptent 94, construits sur une période de 40 ans.
Au cours des trente dernières années, les États-Unis ont mis en service un seul nouveau réacteur. Les réacteurs chinois, plus modernes et efficaces, surpassent en technologie la plupart des unités américaines construites dans les années 1960 et 1970.
Pékin est également pionnière dans le développement des petits réacteurs nucléaires modulaires, qui sont beaucoup plus compacts et peuvent être assemblés en usine, ce qui facilite leur transport et leur mise en service.
Une stratégie gagnante à l’échelle mondiale
Les avantages des investissements chinois dépassent la simple baisse des prix de l’énergie, ils permettent au pays d’améliorer la chaîne de valeur de ses exportations et de redessiner la gouvernance énergétique internationale. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où les États-Unis se retirent progressivement de leurs engagements climatiques et laissent un vide que la Chine exploite pleinement.
Des études montrent que les projets américains liés aux technologies climatiques, d’une valeur d’environ 8 milliards de dollars, ont été réduits ou annulés d’ici 2025, alors que la coopération sino-européenne continue de s’intensifier.
Engagements et défis environnementaux
Bien que la Chine soit le plus grand producteur mondial d’énergie verte, elle demeure également le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Néanmoins, son partenariat avec l’Europe traduit un engagement important dans la transition énergétique et le développement durable.
La Chine investit massivement dans le développement des énergies renouvelables à l’international : en Asie, en Afrique et dans les Amériques, renforçant ainsi sa présence dans les chaînes d’approvisionnement des pays en développement, qui connaissent une demande électrique croissante.
Son ambition inclut la vente de 30 réacteurs nucléaires à des pays participant à l’initiative « Belt and Road » d’ici 2030, consolidant son influence mondiale dans le secteur énergétique. Sur le marché européen, les fabricants chinois de véhicules électriques ont aussi gagné des parts de marché significatives.
Un leadership mondial en pleine ascension
Les experts perçoivent l’influence croissante de la Chine dans le domaine climatique comme un déplacement du leadership mondial, au moment où la stratégie américaine continue de s’appuyer sur les combustibles fossiles et s’éloigne des normes environnementales et climatiques qu’elle a autrefois promues.