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Le silence gagne les profondeurs marines. Selon une étude du Monterey Bay Aquarium Research Institute, les chants des baleines bleues ont diminué de 40 % dans certaines régions du Pacifique Nord. En cause : des vagues de chaleur marine sans précédent, qui affectent leur alimentation et réduisent drastiquement leur activité sonore.
Étude sur les vocalisations des baleines
Pendant six ans, les chercheurs ont utilisé un hydrophone placé au fond de l’océan pour analyser les vocalisations des grandes baleines à fanons, comme les baleines bleues, les baleines à bosses ou les rorquals. L’objectif était de mieux comprendre l’utilité de ces chants, notamment dans la recherche de nourriture ou la reproduction, et de mesurer les effets du dérèglement climatique sur leur comportement.
Le chant demande un effort intense aux baleines
Le constat est alarmant. Depuis 2013, une vaste masse d’eau anormalement chaude, baptisée « The Blob », s’est formée au large de la mer de Béring et du golfe d’Alaska, avant de s’étendre vers la côte ouest des États-Unis. Ce phénomène a provoqué la disparition du krill, petit crustacé essentiel à l’alimentation des baleines bleues. Privées de leur ressource principale, ces dernières ont progressivement cessé de chanter.
Derrière ce silence se cache un mécanisme énergétique bien connu des biologistes : la production de sons demande un effort considérable aux cétacés. Lorsque les ressources alimentaires viennent à manquer, ces animaux choisissent de préserver leur énergie vitale plutôt que de la dépenser en vocalisations. Cette stratégie de survie explique la baisse marquée de leurs chants au cours des dernières années.
Transformation des fonds sous-marins
Les chercheurs s’inquiètent des conséquences à long terme de ce réchauffement marin. Depuis les années 1940, leur fréquence aurait triplé. Ce dérèglement affecte l’ensemble de la chaîne alimentaire et modifie les équilibres écologiques des milieux marins. L’une des coautrices de l’étude, la biologiste marine Kelly Benoit-Bird, rappelle que ces données renforcent les preuves du lien direct entre changement climatique et transformation des océans.
Alerte en Europe
En Europe aussi, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. À l’Université de Liège, le professeur Eric Parmentier étudie depuis plusieurs années l’impact du réchauffement sur les sons sous-marins. Il observe que les habitats marins, comme les récifs coralliens, évoluent en profondeur : le blanchiment des coraux provoque leur mort, remplacés peu à peu par des algues. Ces changements attirent de nouvelles espèces de poissons, modifiant ainsi le paysage sonore d’un récif en bonne santé.